Cannes : dans “Le Temps d’aimer”, Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste réinventent le couple

May 20, 2023
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CANNES PREMIÈRE − Katell Quillévéré raconte l’épopée séduisante d’une femme et d’un homme unis après la Seconde guerre mondiale, malgré des vents contraires.

Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier embarqués dans les affres d’un amour sur le temps long. Les films du Bélier, Les Films Pelléas

Par Louis Guichard Partage

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Le cinéma d’auteur français a décidément de la ressource. Dans la section non compétitive Cannes Première, où furent présentés, en 2022, La Nuit du 12 et Chronique d’une liaison passagère, la réalisatrice Katell Quillévéré (Réparer les vivants) présente un film original et séduisant, qui échappe aux filiations trop repérables. Un mélange de classicisme et de modernité, mariant le romanesque à la lucidité et l’histoire de France à l’imaginaire.

1947. Madeleine (Anaïs Demoustier) fait partie de ces femmes dont les cheveux furent tondus après la dénonciation d’une liaison avec un soldat allemand. Sur une plage normande, devenue serveuse dans un hôtel-restaurant, cette mère célibataire d’un petit garçon fait la connaissance de François (Vincent Lacoste), étudiant riche et insaisissable qu’une légère séquelle de la polio singularise encore. Tous deux ont envie d’oubli et de renouveau et chacun(e) croit les trouver en l’autre. L’avenir leur appartient, même si un secret menace leur amour.

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Katell Quillévéré a le goût du feuilleton (elle a cosigné avec Hélier Cisterne la série d’Arte Le Monde de demain sur la naissance du duo NTM) et des jeux avec la narration. Dans le superbe mélodrame Suzanne (en 2013 avec Sara Forestier), elle remplaçait par des ellipses les temps forts de l’action, dont on découvrait peu à peu les effets et les traces. Ici, elle crée une arythmie palpitante, s’attarde voluptueusement sur certains moments, puis escamote des saisons et des années. Écrite avec Gilles Taurand (ancien collaborateur, notamment, d’André Téchiné), voilà une traversée des âges et des époques qui interroge, entre autres, la parentalité, la transmission, la bisexualité, le déterminisme social et la fidélité.

Au-delà de leurs particularités, les deux héros invitent, surtout, à une réflexion sur le couple, entité à mi-chemin entre le malentendu et le miracle, selon le film. L’aventure au long cours de Madeleine et François repose ainsi sur des déceptions et des trahisons, qui, une fois surmontées, renforcent encore leurs liens, construisent une solidarité puissante, indéfectible. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste incarnent ces complexités avec panache, lui par une fragilité lunaire et émouvante, elle, en puisant plus profond que dans sa fantaisie naturelle, jusqu’à la transfiguration.

r Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré (France, 2h05). Avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Paul Beurepaire. Cannes Première. Sortie au dernier trimestre 2023.

Source: Télérama.fr