Les phobiques de la déclaration de revenus : " Il faut vraiment que je m’en occupe ce week-end "

May 20, 2023
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Pour une certaine frange de la population, la date butoir pour déclarer ses revenus annuels n’est jamais à la bonne distance, passant instantanément de « dans très longtemps, y’a bien le temps » à « mais on est déjà le 29 ! » Ce sont ceux qui, chaque année, s’ils font leur déclaration sur papier, finissent de remplir leur formulaire à 23 h 54, courent à la Poste du Louvre, ajoutent un petit mot avec excuse pour se faire pardonner du retard et se promettent que l’an prochain, ils s’y prendront bien à temps. En ligne, ce sont ceux qui appuient sur « Enregistrer ma dé­claration » à 23 h 58 en priant pour que le site ne plante pas et se promettent que l’an prochain, ils s’y prendront bien à temps.

A quoi on les reconnaît

Ils ont un dossier marqué « Impôts » quelque part avec des papiers à l’intérieur. Mais ils ont aussi des papiers rangés ailleurs (mais où ?). En semaine, ils n’ont pas le temps de faire leurs impôts et le week-end n’est pas fait pour ça. Ils n’arrivent plus à se souvenir de ce qui s’est passé entre le moment où ils ont ouvert leur ordinateur pour remplir leur déclaration et celui où ils ont cherché une recette de risotto. Ils ont trouvé la date limite de déclaration en ligne pour les habitants du Gers mais pas pour le département où ils résident. Ils ne comprennent pas ces gens autour d’eux qui disent que c’est vite fait.

Ce sont les mêmes qui croient qu’en laissant leur tasse de café sale dans l’évier, elle va se laver toute seule. A 23 heures, ils réalisent qu’ils ont besoin de l’aide de leur pote qui s’y connaît super bien, mais qui, bizarrement, ne répond pas à leur appel. Ils demandent encore conseil à leurs parents plus de vingt ans après avoir quitté leur foyer. Dès qu’ils ont fini de remplir leur déclaration, ils font une capture d’écran du message de confirmation, l’envoient à leurs meilleurs amis et se sentent aussi fiers que lorsqu’ils ont des timbres d’avance dans leur portefeuille.

Comment ils parlent

« Y’a le temps. » « Personne ne m’a prévenu. » « D’ailleurs, c’est quand ? » « Pourquoi on ne nous apprend pas ça à l’école ? » « De toute façon, c’est pré-rempli. » « Je veux bien tout déclarer mais faudrait que le site soit plus simple. » « Je cumule tous les cas particuliers. » « Je ne retrouve pas le reçu pour les dons, mais ramené à une année, ça ne représentait pas grand-chose. » « Les deux dernières années, c’est même pas moi qui les ai faites. J’ai demandé à un copain qui passait par là. » « Je les fais sur papier en plus ! » « Rien que d’en parler, j’ai mal au ventre. »

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Source: Le Monde