Euroligue : Comment Monaco a réussi " une évolution de fou " au basket, là où il stagne au foot

May 21, 2023
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C’était l’opulence, un titre de champion de France, des tribunes pleines, des joueurs soyeux (Bernardo Silva, Fabinho…) qui partent pour des dizaines de millions d’euros. C’était il y a seulement six ans, mais, depuis, l’AS Monaco a peu à peu perdu de sa superbe. Aujourd’hui, Wissam Ben Yedder, buteur vendredi soir contre Lyon, et ses copains se battent pour espérer une qualification en Ligue Europa devant un public beaucoup plus clairsemé, qui en vient à se tourner les pouces et compter les Lamborghini pour combattre l’ennui.

Il n’y a pourtant que quelques mètres à faire pour retrouver un peu de bonheur et de joie de vivre : filer sous la pelouse du stade Louis-II et s’asseoir dans la salle Gaston-Médecin pour voir les matchs de l’AS Monaco basket, qui dispute la petite finale de l’Euroligue ce dimanche contre le FC Barcelone. Pour l’occasion, l’enceinte monégasque retransmettra gratuitement le match sur écran géant. Depuis le début de la saison, la salle a doublé sa capacité d’accueil et peut recevoir 5.000 spectateurs, qui savent se montrer bouillants.

« Venir à Gaston Médecin, c’est leur bouée de sauvetage »

Comme lors du match 5 des play-off d’Euroligue contre le Maccabi Tel-Aviv. « Franchement, je n’avais jamais vu ça ici, c’était dingue », se rappelle Yakuba Ouattara, l’arrière et capitaine de Monaco, arrivé au club en 2015 (avec deux années à l’étranger). « Dans le basket, ils ont réussi à créer une expérience pour le spectateur, assure Romain Boisaubert, journaliste à Monaco-Tribune. Quand tu viens à la salle Gaston-Médecin, t’as l’impression d‘être dans un chaudron, alors qu’au foot, tu t’ennuies par la qualité du spectacle et par l’ambiance. Il y a énormément de supporteurs abonnés à Louis-II qui viennent maintenant au basket, et j’ai l’impression que venir à Gaston-Médecin, c’est un peu leur bouée de sauvetage. »

Quelle folie à Gaston-Médecin ! Mike James marche sur l'eau et Monaco revient au score #lequipeBASKET pic.twitter.com/2mEo7POPJb — la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) May 10, 2023 L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires J‘ACCEPTE Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n'hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton "J‘accepte pour aujourd‘hui" dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.

Les bons résultats, notamment en Europe, tout comme la présence de stars, à l’image de Mike James ou Elie Okobo, aident aussi à fidéliser un public. Tout l’inverse du club de foot, où les joueurs de renom ne sont plus légion et où les résultats patinent depuis quelques années, avec des éliminations peu glorieuses en tour préliminaire de Ligue des champions ou en Ligue Europa. « Je ne peux pas dire que l’infortune du foot nous a servis, parce que les deux sports, je pense, ne sont pas en concurrence, commente Geneviève Berti, directrice de la communication du gouvernement monégasque et membre du conseil d’administration du club de basket. Et puis l’équipe de foot est dans le top 5 des raisons pour lesquelles Monaco est connu dans le monde, je ne suis pas sûr qu’on soit à ce niveau dans le basket. »

Une évolution incroyable

Un jour, peut-être. Surtout si les résultats continuent de prospérer. Remontés en Pro A en 2014, les Monégasques se sont vite, très vite, immiscés parmi les meilleurs clubs de l’Hexagone, et bientôt du Vieux Continent. « L’évolution est juste extraordinaire. Dans l’histoire du basket, je ne sais pas si un autre club a pu réaliser ça à une telle vitesse, ajoute Yakuba Ouattara. Quand tu vois qu’il a fallu huit, neuf, ans au club pour arriver là où on est aujourd’hui, c’est juste fou. Première saison en Euroligue, on va en play-off. Deuxième saison, on fait Final Four, alors que des équipes présentes depuis des années n’ont jamais connu ça. »

Contrairement au Barça, au Real ou à l’Olympiakos, tous les trois présents au Final Four, à Monaco, les clubs de basket et de football sont indépendants. Et les passerelles entre les deux entités, aux mains de magnats russes, ne sont pas légion, hormis des opérations de ticketing communes. « Je ne suis pas sûre qu’il y ait ce type de projet [de rapprochement entre les deux investisseurs] », indique Geneviève Berti. Alors, l’ASM Basket et l’ASM foot continuent leur vie et leurs projets séparément.

Le projet monégasque a changé

« Au basket, avec 15 millions d’euros, tu peux faire une équipe qui joue les premiers rôles en Europe, explique Romain Boisaubert. Au foot, ils sont à des années-lumière de ça. Après, ils sont assez réguliers, sont toujours dans les quatre premiers depuis quelques années, même si ce n’est pas flamboyant. » Et la réforme de la Ligue des champions, qui devrait permettre à un club français supplémentaire de se qualifier pour la C1 pourrait donner un sérieux coup de pouce aux footeux.

Je n’ai pas cette impression de stagnation du foot, car c’est un projet qui s’est considérablement développé dans ses infrastructures, dans sa structure, dans les fondements du club, avec notamment l’inauguration des nouveaux locaux de l’académie l’année dernière, reprend la membre du conseil d’administration. D’ailleurs, ils ont gagné la Gambardella cette année. Au basket, on a cette impression de rapidité, de flamboyance qui est réelle, mais qui, à mon avis, ne peut pas entrer en concurrence avec le foot. On est encore loin des pages écrites par le club de foot. »

Reste que le projet monégasque au basket semble être réalisé avec une certaine logique, avec des recrutements ciblés, des objectifs bien fixés, alors que le club de foot semble avancer davantage à tâtons, avec des changements d’entraîneurs nombreux, des joueurs qui partent (Badiashile) et qui ne sont pas remplacés, des jeunes promus puis laissés sur le banc (Akliouche, Ben Seghir). « Au basket, Monaco fait les choses dans le bon sens, assure Alain Digbeu, ancien international français désormais consultant pour la plateforme Skweek, qui diffuse l’Euroligue. Il y a du chemin, encore, il faut garder les joueurs clés, renforcer localement, attirer les joueurs français, et c’est ce qui est en train d’être fait, avec Mam Jaiteh et Terry Tarpey qui devraient arriver. »

Cette première présence au Final Four ne devrait être qu’un point d’étape pour l’ASM. « Le but, c’est d’y être le plus souvent possible », reprend Digbeu. Et commencer, aussi, à lancer une dynastie dans le championnat de France, où il bute souvent sur la dernière marche. Cette année, avec une Asvel claudicante et une Wembanyama dépendance à Boulogne-Levallois, le chemin semble tout tracé pour Ouattara et compagnie.

Source: 20 Minutes