La visite express mais " géostratégique " d’Emmanuel Macron en Mongolie

May 21, 2023
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Le président français, Emmanuel Macron (au centre), avec le président mongol, Ukhnaagiin Khürelsükh (à droite), dans les rues d’Oulan Bator, le 21 mai 2023. LUDOVIC MARIN / AFP-PH

Après les honneurs sur la place centrale d’Oulan Bator, au soleil déclinant, le tête à tête a lieu dans une yourte installée à l’intérieur du Palais du peuple, siège du gouvernement et du Parlement. C’est là que le président de la Mongolie, Ukhnaagiin Khürelsükh, reçoit Emmanuel Macron, dimanche 21 mai, pour une visite aussi courte qu’inédite, la première d’un président français dans cet Etat enclavé entre la Russie et la Chine.

Le sommet du G7 à peine achevé à Hiroshima (Japon), M. Macron entend faire ici une étape « géostratégique », selon son entourage, sur le chemin du retour vers Paris. Pour le locataire de l’Elysée, la recomposition des rapports de force internationaux, à l’œuvre dans le contexte de la guerre en Ukraine, peut ouvrir des brèches diplomatiques, qu’il s’agit d’explorer dans ce pays de 3,5 millions d’habitants, largement désertique.

De leur côté, les autorités mongoles espèrent accentuer leur « politique du troisième voisin », qui les pousse à mettre en œuvre, pour sortir de l’ombre des deux pays qui le bordent, un rapprochement avec l’Europe en premier lieu, voire les Etats-Unis, même si ces partenaires paraissent loin, vu des steppes qui entourent la capitale. Le pays a vu ses échanges avec la Chine – plus de 80 % de son commerce – très fortement perturbés au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque les frontières se sont fermées. Un vrai choc pour la population. Très dépendante du charbon, la Mongolie entend aussi diversifier son approvisionnement énergétique, alors que la Russie lui fournit plus de la moitié de son électricité.

Offrir une alternative

L’exécutif français souligne donc l’« enjeu très important » du déplacement, quinze mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il s’agirait avant tout de « desserrer la contrainte qui s’exerce sur les voisins de la Russie et de leur ouvrir le choix de leurs options ».

La visite se veut dans la droite ligne de l’affermissement des relations entre Paris et de nombreux « autres voisins de la Russie » en Asie centrale – avec la récente visite à Paris des présidents ouzbek et kazakh – ou dans le Caucase, où la France et les Européens tentent de jouer les médiateurs entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. L’idée est, au passage, d’offrir une alternative, à l’heure où la Chine conteste l’autorité déclinante de la Russie dans cette partie du monde, comme l’a montré cette semaine le sommet de Xian organisé par Pékin avec les Etats d’Asie centrale issus de l’ex-empire soviétique.

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Plus concrètement, la visite doit permettre de vivifier la coopération dans différents domaines, à commencer par l’environnement et l’énergie. La Mongolie fait partie de la « stratégie de diversification des approvisionnements européens afin de garantir notre souveraineté énergétique », souligne l’Elysée.

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Source: Le Monde