Elections locales en Irlande du Nord : le Sinn Fein, pro-réunification, confirme son avance
La vice-présidente du Sinn Fein, Michelle O’Neill, après le couronnement de Charles III à l’abbaye de Westminster, le 6 mai 2023. PHIL NOBLE / AFP
L’emprise des nationalistes irlandais (majoritairement catholiques) sur l’Irlande du Nord se confirme. Pour la première fois dans l’histoire de cette nation du Royaume-Uni, le Sinn Fein, principal parti favorable à la réunification de l’Irlande, est arrivé en tête des élections locales du jeudi 18 mai – dont le résultat définitif n’a été publié que samedi. En 2022, l’ex-bras politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) avait déjà remporté les élections parlementaires régionales pour la première fois depuis la partition de l’Irlande (en 1921). Le choc est rude pour la communauté unioniste nord-irlandaise (protestante, favorable au maintien dans le Royaume-Uni), jusqu’alors en position dominante.
Quelque 462 postes de conseillers municipaux étaient remis en jeu dans les onze circonscriptions communales nord-irlandaises. Le Sinn Fein a réussi à faire élire 144 candidats (trente-neuf de plus que lors du scrutin municipal de 2019), notamment dans des localités comme Lisburn ou Ballymena, dans l’Est, jusqu’alors considérées comme des places fortes unionistes. A Belfast, les unionistes ne tiennent plus que 17 sièges sur les 60 que compte le conseil municipal de la capitale nord-irlandaise.
Présent aussi dans le « Sud », en République d’Irlande (dans l’opposition mais de plus en plus populaire), le parti nationaliste a bénéficié d’une forte mobilisation de ses sympathisants et d’une tendance démographique de fond : selon le recensement de 2021, les catholiques sont désormais plus nombreux dans la nation que les protestants.
Blocage des institutions
Le Brexit a par ailleurs durement affaibli la communauté protestante. Le DUP (Parti unioniste démocrate), premier parti de cette tendance nord-irlandaise, qui avait soutenu le référendum sur la sortie de l’Union européenne en 1996, réussit certes à se maintenir au niveau de 2019 (avec 122 conseillers municipaux), mais continue de perdre les voix des unionistes modérés, qui préfèrent se tourner vers Alliance (un parti neutre du point de vue constitutionnel), exaspérés par l’attitude négative et passéiste du DUP.
Cela fait plus d’un an que le mouvement unioniste refuse de participer à l’Assemblée de l’Irlande du Nord, au palais de Stormont, empêchant la formation d’un gouvernement et fragilisant le traité de paix du Vendredi saint ayant mis fin en 1998 à trente ans de guerre civile entre catholiques et protestants en instaurant un partage égal du pouvoir entre les deux communautés. Le DUP refusait initialement le protocole nord-irlandais au motif qu’il menaçait l’identité britannique des unionistes. Cette partie du traité du Brexit garantissait le statut dual de la nation – elle est britannique mais reste pour partie dans le marché intérieur européen pour éviter la formation d’une frontière douanière sur l’île d’Irlande.
Il vous reste 31.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde