Asia Bibi dans les oubliettes de l'exil
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RÉCIT - Emprisonnée puis condamnée à mort pour blasphème, la Pakistanaise a trouvé l'asile au Canada. Depuis que l'émotion internationale est retombée, elle survit loin des siens dans une existence misérable.
On l'a manquée plusieurs fois. Un deuil dans sa famille avait différé encore l'entrevue, mais elle finit par apparaître, dans une fenêtre WhatsApp qui se superpose à celle de son ami et avocat, Aman Ullah - un Pakistanais en exil, comme elle. Ses traits sont tirés et ses yeux, soucieux ; le visage toujours souriant d'Asia Bibi porte les stigmates d'une fatigue incelable. Son air n'est pas las mais soucieux, ou peut-être un peu triste. Elle était un nom, celui d'un symbole et d'une cause. Derrière l'écran elle n'est plus qu'une femme, cette femme qui nous salue en rassemblant pour l'occasion quelques mots péniblement extirpés de l'anglais.
Le monde entier connaît son histoire. Cette altercation avec une femme musulmane, près d'un puits, en 2009, et l'accusation de blasphème ensuite ; puis l'arrestation, la prison, le procès, enfin la sentence, abominable et injuste. Et la peur, surtout, qui s'est immiscée dans sa vie comme un étau qui jamais plus ne se desserre, jusqu'à ce 8 mai 2019 où elle…
Source: Le Figaro
