A Hyères, la Villa Noailles s’offre un bain de jouvence pour ses 100 ans
Vue d’ensemble de l’exposition, avec, au premier plan au sol, le Plafond de la piscine par le collectif MLAV.LAND (France), qui reprend les motifs du plafond de la piscine de la Villa Noailles, à Hyères (Var), le 28 mars 2023. OLIVIER ANSELLEM
Pendant les près de cinquante ans au cours desquels Charles (1891-1981) et Marie-Laure de Noailles (1902-1970) l’habitèrent, le Clos Saint-Bernard est resté un emblème d’architecture d’avant-garde, d’idéal de vie au grand air, d’effervescence artistique et intellectuelle. Ces jeunes gens bien nés, qui partageaient une même passion pour l’art, le design, la littérature, le surréalisme, la musique contemporaine, s’étaient tournés, au lendemain de leur mariage, vers Robert Mallet-Stevens (1886-1945), jeune architecte inconnu à l’époque qui travaillait surtout pour le cinéma (il avait notamment réalisé les décors de L’Inhumaine, de Marcel L’Herbier, en 1924). Sur le terrain situé sur les hauteurs d’Hyères (Var) qu’on venait de leur offrir, ils lui ont demandé de leur construire, en 1923, une « petite maison qui soit intéressante à habiter ».
Le résultat ne les déçut pas, et ils en demandèrent encore. La Villa Noailles, comme on l’appelle aujourd’hui, se développa ainsi par étapes jusqu’à devenir ce fascinant agencement de technologie et de nature, de modernité et d’archaïsme, de petites pièces à vivre, de grands espaces extérieurs, d’interminables escaliers pentus creusés dans des couloirs voûtés, intégrant dans une esthétique de paquebot des éléments d’architecture ancienne présents sur le site aussi bien que des équipements sportifs de pointe comme on n’en avait encore jamais vu dans une maison individuelle (sublime piscine intérieure, salle de squash…).
Une mécanique sophistiquée permettait, en outre, de reconfigurer l’espace habitable au gré des saisons et des envies, de faire disparaître les baies vitrées dans le sol, de replier comme des volets la cloison en miroir de la salle à manger ou les parois vitrées de la chambre en plein air…
Scénographie minimaliste
Cent ans après sa création, le parfum de jouvence qui flotte entre ses murs doit autant à l’architecture de Mallet-Stevens qu’aux bouquets qui embaument ses différentes pièces. Et la programmation qu’y orchestrent Jean-Pierre Blanc, le directeur, et ses équipes depuis qu’elle est devenue, en 2003, après deux phases de restauration, un centre d’art contemporain, en exalte les essences. L’exposition « Fragments d’architecture », qui ouvre la saison du centenaire, en témoigne avec grâce.
Les commissaires, les architectes de l’agence MBL, ont eu la bonne idée, plutôt que de resservir telle quelle l’histoire déjà richement documentée, maintes fois exposée, de ce chef-d’œuvre d’architecture moderne, de le démembrer entièrement pour l’attaquer par le détail. Ils ont sélectionné dix fragments et consacré à chacun d’eux une installation qui comprend : une petite maquette fidèle à la forme du fragment, une sélection d’archives (photos, dessins, correspondance…) à fort potentiel narratif, et une interprétation contemporaine du fragment au présent par un architecte ou un artiste.
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Source: Le Monde