" Misanthrope " : un thriller époustouflant, du niveau du " Silence des agneaux "

April 26, 2023
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Depuis que le genre est en vogue, soit la fin des années 1980, on s’imagine que l’on nous a tout fait en matière de films et séries consacrés à des tueurs en série. On croit avoir tout vu, et on peste contre une production majoritairement peu inventive, qui se contente de copier maladroitement des perles comme « Seven » de David Fincher. Et puis, à de très rares occasions, surgit un récit d’une folle originalité, capable de bluffer les spectateurs du monde entier. « Misanthrope », qu’on n’avait pas vu venir, est de ceux-là.

Le long-métrage démarre très fort, entrant dans le vif du sujet sans perdre une seconde, par un drame épouvantable un soir de réveillon du Nouvel An à Baltimore (côte Est des États-Unis). Un tireur ouvre le feu sur de jeunes riches qui festoient sur les rooftops de la ville. Bilan : 29 morts. La cité tremble et la police est sur les dents, car le tueur fou semble avoir très bien préparé son coup : il a fait mouche à chaque coup, et pris soin de ne laisser aucune trace derrière lui grâce à un stratagème assez spectaculaire — on vous laisse découvrir lequel.

Tandis que l’enquête piétine, que l’assassin réédite son morbide exploit, et que les forces de l’ordre multiplient les erreurs, un duo improbable prend l’affaire en main. Lammark, chef vétéran et chevronné du FBI dépêché sur place, décide d’embaucher Eleanor, jeune enquêtrice de la police locale au passé trouble, brillante mais asociale, et souffrant d’un problème d’addiction. Plus ils vont entrevoir le message à teneur sociétale du meurtrier et le serrer de près, plus Eleanor va comprendre qu’elle doit replonger dans son passé douloureux si elle veut mieux cerner les motivations du criminel…

Une merveille d’écriture, un rythme fou et une interprétation enlevée

Film au suspense démentiel, multipliant les effets de surprise et les scènes chocs tout en se focalisant sur la psychologie de ses personnages, « Misanthrope », grâce à la manière dont il confronte une enquêtrice novice à des tueries effroyables et à un assassin mystérieux, rappelle les meilleures œuvres du genre, comme « Zodiac », de David Fincher, et surtout « le Silence des agneaux », de Jonathan Demme.

Haletant sur le fond, le long-métrage bouscule sur la forme, grâce à la maîtrise du jeune cinéaste argentin Damian Szifron, qui n’avait rien réalisé depuis « les Nouveaux Sauvages » en 2014, et change totalement de registre pour son premier film américain. Conscient de la merveille d‘écriture qu’il doit mettre en scène, il ne se repose toutefois pas sur ce scénario époustouflant, donnant un rythme fou à son film, multipliant les séquences audacieuses et les plans délirants sans trop en faire et en parvenant à focaliser sur les sombres digressions de son héroïne.

Pour parfaire le tout, le réalisateur bénéficie de l’interprétation plus qu’enlevée de ses deux principaux comédiens. Ben Mendelsohn, grand acteur de seconds rôles, vu notamment dans plusieurs Marvel et dans le Star Wars « Rogue One », excelle ici en chef du FBI aussi acariâtre qu’opiniâtre.

Mais c’est Shailene Woodley qui porte le film sur ses épaules. Elle incarne à merveille cette jeune flic ténébreuse, hantée et freinée par ses addictions, issue d’un milieu populaire proche de celui qu’elle traque, et qui va devoir se faire violence pour aller au bout de ses investigations et affronter un tueur la ramenant brutalement à ses origines sociales. L’actrice, qui s’est fait connaître avec la saga « Divergente », aujourd’hui âgée de 31 ans et qui tourne depuis qu’elle en a 11, s’est impliquée dans « Misanthrope » au point de produire le film. À raison : elle décroche son meilleur rôle à ce jour…

Source: Le Parisien