Bruno Le Maire réclame aux macronistes plus "de fermeté" sur l'immigration
À l'occasion d'un bureau exécutif du parti présidentiel, le numéro 2 du gouvernement a mis en garde contre un procès en «laxisme» et en «angélisme» au lendemain de la présentation des propositions de LR.
Bruno Le Maire a profité, lundi soir, d'un bureau exécutif du parti présidentiel Renaissance pour livrer des recommandations au-delà de son périmètre ministériel. S'exprimant au lendemain de la présentation par LR de propositions sur l'immigration, le ministre de l'Économie et des Finances, par ailleurs secrétaire général délégué du parti, a invité les macronistes à être «clairs sur la politique migratoire». «Nos compatriotes attendent de la fermeté, de la fermeté et de la fermeté. Alors soyons basiques : faisons de la fermeté», a martelé le numéro deux du gouvernement, selon des propos rapportés au Figaro.
À lire aussiEmbarras de l’exécutif autour des propositions des Républicains sur l’immigration
Depuis plusieurs mois l'exécutif tergiverse sur les contours du projet de loi sur l'immigration qu'il ambitionne de faire adopter. L'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale l'oblige à nouer un compromis avec la droite. Mais la première ministre refuse de déséquilibrer le texte initial, qui prévoit des régularisations pour les sans papiers qui travaillent dans des secteurs en tension de recrutement. Les propositions formulées dimanche par les Républicains vont à l'encontre des positions des macronistes, notamment en préconisant de mettre fin à la primauté des traités et du droit européen.
«Soyons offensifs, clairs et responsables»
«Fermeté ne veut pas dire que l'on va faire des choses contraires au droit européen ou à la Constitution. Fermeté veut dire : un étranger en situation irrégulière doit partir, un étranger doit parler français s'il veut venir en France», a insisté Bruno Le Maire lors de son intervention. «Tout ce que défend Gérald Darmanin en somme», a glissé le ministre de l'Economie, alors que son collègue de Beauvau est plus allant que la majorité pour aboutir à un «texte fort». Celui-ci doit prochainement débuter de nouvelles consultations avant de présenter un nouveau texte en juillet en Conseil des ministres.
«Ne soyons pas accusés d'être laxistes ou angéliques. Soyons fermes, sans mots excessifs, sans populisme, sans être contraire à notre identité», a poursuivi le locataire de Bercy, dans une rare offensive politique à l'heure où la majorité s'interroge sur le cap à suivre. «Soyons offensifs, clairs et responsables», a-t-il dit.
«Un ministre est un bon ministre quand il a des résultats»
S'il accorde le point à Gérald Darmanin sur l'immigration, Bruno Le Maire ne manque pas de rappeler à l'ordre son rival sur le terrain budgétaire. «Nous devons arrêter les dépenses supplémentaires et ça vaut pour tous les ministres. Un ministre est un bon ministre quand il a des résultats, pas quand il dépense plus», a déclaré le ministre de l'Économie, alors que son collègue de l'Intérieur rechigne à proposer des pistes d'économies dans son budget 2024, comme Matignon le lui réclame. Gérald Darmanin n'était pas présent dans la salle.
«Aujourd'hui, il faut accélérer le désendettement de la France car sinon on va payer le prix de la remontée des taux d'intérêt ; nous allons payer des milliards pour rembourser la charge de la dette alors que nous en avons besoin pour la transition écologique. Nous allons perdre en crédibilité», s'est inquiété Bruno Le Maire, trois semaines après la dégradation de la note financière de la France par l'agence Fitch.
Bien que les récentes dépenses annoncées par l'exécutif interrogent sur la fin effective du «Quoi qu'il en coûte», Bruno Le Maire a proclamé lundi soir que les macronistes incarnent «le parti de la responsabilité. Ça n'est pas LR qui va le faire, ils proposent toujours des dépenses supplémentaires. Ça n'est pas la Nupes non plus. Et ça n'est pas le RN». Et de se tourner vers les responsables présents: «J'ai besoin de vous. Cette responsabilité fait partie de notre ADN. Notre majorité doit porter ce message et en faire un bel objet politique».
Source: Le Figaro
