Cannes 2023 : " Asteroid City ", la nouvelle frontière de Wes Anderson

May 23, 2023
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De gauche à droite : Jake Ryan, Jason Schwartzman et Tom Hanks dans « Asteroid City », de Wes Anderson. POP. 87 PRODUCTIONS / FOCUS FEATURES

SÉLECTION OFFICIELLE – COMPÉTITION

Après avoir créé la ville française d’Ennui-sur-Blasé, et celle, américaine, de Liberty, dans The French Dispatch, en compétition à Cannes en 2021, le Texan Wes Anderson fait pousser Asteroid City dans le sud-ouest des Etats-Unis pour son nouveau film, lui aussi en lice pour la Palme d’or. Le désert américain de Monument Valley, où l’action est supposée se dérouler, au milieu des années 1950, a été reconstitué en Espagne, à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Les couleurs gris-vert de The French Dispatch ont cédé la place à une nouvelle palette de tons dorés et bleu ciel.

Une station-service, un diner, quelques baraques servant de logement, un train jaune poussin… Voilà pour le décor fifties. Au milieu, une bande de gamins surdoués, la tête tournée vers les étoiles – ou les soucoupes volantes, Monument Valley étant aussi une terre de fantasme autour des ovnis.

Le temps d’un week-end, des militaires et des scientifiques accueillent une poignée d’adolescents, lesquels vont être distingués pour leurs inventions liées à l’espace. Un événement inattendu va bloquer ce petit monde dans cette ville de pacotille, célèbre pour son cratère de météorite. Au loin tourbillonnent les fumées d’essais nucléaires…

Un incroyable casting

Le dispositif calibré au caillou près, mis au point par le méticuleux cinéaste, multiplie les références et les échos. Filmer Monument Valley, ne serait-ce que sa représentation fictive, c’est aussi revisiter l’histoire du cinéma américain, avec ses films-cultes, La Chevauchée fantastique (1939), de John Ford ; Il était une fois dans l’Ouest (1968), de Sergio Leone ; Easy Rider (1969), de Dennis Hopper ; Thelma et Louise (1991), de Ridley Scott ; Forrest Gump (1994), de Robert Zemeckis, pour n’en citer que quelques-uns.

Film d’aventures, de conquête (ici de l’espace), de démesure science-fictionnelle, Asteroid City est un peu tout cela à la fois. L’action se déroulant en 1955, époque Marilyn Monroe, le glamour est aussi convoqué sur le plateau, en la présence d’une star du grand écran – Midge Campbell, alias Scarlett Johansson, à peine reconnaissable sous sa perruque auburn. Et les hommes ne préférant pas toujours les blondes, la belle va semer le trouble.

Burlesque et teinté de mélancolie, le récit tient du grand spectacle distillé en vignettes successives, la jeunesse apportant le lot de perturbations qui incombent aux apprentis sorciers. Comme à son habitude, Wes Anderson fait défiler un incroyable casting : outre Scarlett Johansson, citons Jason Schwartzman, Tom Hanks, Tilda Swinton, Willem Dafoe, Margot Robbie, Adrien Brody, Matt Dillon… Malgré son habileté à concevoir de riches imaginaires, Wes Anderson nous promène ici en terrain un peu trop connu.

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Source: Le Monde