Adaptation de la France au changement climatique : quatre questions sur la consultation publique lancée par le gouvernement

May 23, 2023
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Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, vante une "méthode inédite" pour participer à l'élaboration du nouveau plan national.

Comment la France peut-elle faire face au réchauffement climatique ? Le gouvernement a mis en ligne, mardi 23 mai, une consultation sur la trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique (Tracc). Sur la base de trois questions, l'exécutif demande à celles et ceux qui le souhaitent d'envoyer leurs contributions à une adresse électronique dédiée jusqu'à "mi-septembre". Franceinfo revient sur ce dispositif, présenté par l'exécutif comme une "méthode inédite".

Qu'est-ce que la trajectoire de réchauffement de référence ?

Le réchauffement du climat, lié aux activités humaines, n'est pas une fatalité. Des solutions existent pour le limiter, l'enrayer. En attendant que des mesures d'ampleur soient prises à l'échelle de la planète pour renverser la tendance, certains pays font le choix de s'y adapter. La question est alors de savoir quelle est l'intensité du changement climatique qu'il va falloir affronter. C'est tout l'enjeu de la trajectoire de réchauffement de référence.

>> Ce qu'il faut retenir du rapport du Giec sur les solutions face à la crise climatique

Deux scénarios ont été arrêtés. Comme l'avait suggéré le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en janvier, une hypothèse retenue par l'exécutif prévoit un réchauffement global de la planète de 2°C d'ici 2100 (3°C pour la France hexagonale, le réchauffement étant plus intense sur les terres émergées). Le second scénario est de +3°C à l'échelle de la Terre, soit +4°C pour la France hexagonale, à la même échéance.

Le premier schéma correspond à l'objectif fixé dans l'accord de Paris. Mais il semble presque déjà hors de portée, selon certains climatologues. Cette hypothèse "volontariste", selon Christophe Béchu, reste toutefois sur la table puisque c'est le véritable but à atteindre, le plus ambitieux.

L'autre hypothèse, celle à +4°C, est "plus réaliste que pessimiste", remarque Christophe Béchu. Ce scénario rejoint celui retenu par l'Allemagne ou les Pays-Bas, des pays également dotés d'un plan d'adaptation au réchauffement climatique, souligne-t-il. Le Conseil national de la Transition écologique, où siègent des ONG, des élus et des collectivités locales, a émis un avis favorable à l'unanimité pour retenir cette trajectoire de référence de +4°C.

En réalité, d'autres scénarios plus pessimistes d'ici 2100 existent, comme l'a souligné sur le plateau de "Télématin" Lola Vallejo, directrice du programme climat de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

"Nous n'avons pas été au-delà [de +4°C] parce que je pars du principe qu'il faut que l'on écoute les experts et la science, met en avant Christophe Béchu. Aujourd'hui, les experts ne disent pas que l'on va vers un monde à 6 degrés ou à 8 degrés, ils disent qu'on va vers un monde à +3°C. Et donc, il y a des conséquences pour nous à +4°C."

Quelles sont les questions posées pour la consultation ?

Le ministère de la Transition écologique soumet trois questions sur son site, et met à disposition un document de 31 pages (en PDF) résumant les derniers éléments scientifiques permettant d'éclairer la situation. La première question est d'ordre général : "La France doit-elle se doter d'une trajectoire de réchauffement de référence d'ici la fin du siècle pour pouvoir s'adapter, tout en poursuivant la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en ligne avec les objectifs de l'accord de Paris ?"

La deuxième question concerne plus spécifiquement les scénarios de réchauffement climatique retenus : "Que pensez-vous d'une trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation de la France (Tracc) dont les niveaux de réchauffement de référence seraient : +2°C en 2030, +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100 (France métropolitaine) ?"

La troisième question porte sur des actions concrètes : "Quels outils et quel accompagnement technique et financier devraient être mis à la disposition des collectivités, des acteurs économiques et du public pour qu'ils puissent prendre en compte les impacts envisagés dans le futur du réchauffement climatique ?"

Comment y participer ?

Si vous souhaitez participer à la consultation, vous pouvez envoyer votre contribution jusqu'à "mi-septembre" à l'adresse mail trajectoire-adaptation@ecologie.gouv.fr. Si vous préférez les enveloppes et le papier, vous pouvez adresser votre courrier par voie postale (Observatoire national des effets du réchauffement climatique ; Contribution à la consultation sur la TRACC ; Direction générale de l'énergie et du climat ; Tour Sequoia 1 place Carpeaux 92055 Paris La Défense Cedex).

Le ministère de la Transition écologique assure à franceinfo que toutes les contributions seront lues. A ce stade, il n'est pas en mesure de préciser combien de personnes seront dédiées à ce travail. Quant à la longueur des contributions, aucune recommandation n'est donnée.

A quoi va servir cette opération ?

Cette consultation sur la Tracc doit servir à élaborer, en partie, le nouveau plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc). Le troisième volet de ce plan doit être finalisé pour la fin de l'année, selon le ministre de la Transition écologique. Après un premier qui couvrait la période 2011-2015, le deuxième s'étendait de 2018 à 2022.

L'initiative doit permettre, espère le ministre, d'"accélérer la prise de conscience" du réchauffement climatique et de ses conséquences. Si la consultation vise à "toucher le plus de Français possible", il reconnaît toutefois qu'elle "va d'abord concerner les décideurs, les acteurs économiques, les collectivités locales". Surtout, elle doit faciliter la "remontée de sujets" sur lesquels les acteurs attendent des mesures d'adaptation ou pour lesquels ils s'inquiètent.

"Il s'agit de s'assurer, grâce à cette consultation, qu'il n'y a pas d'angle mort dans le plan national d'adaptation que nous avons commencé à bâtir et que nous rendrons public au deuxième semestre." Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique lors d'un point-presse

Après une séquence de plusieurs mois dominée par la réforme des retraites, le gouvernement compte ainsi remettre la planification écologique en haut de la liste des priorités. La transition écologique est "l'un des piliers de la feuille de route de mon gouvernement", a réaffirmé, lundi, la Première ministre, Elisabeth Borne.

Source: franceinfo