Le propriétaire de la maison visée à Solenzara témoigne de son indignation
La maison de cet artisan carreleur, connu et apprécié de tous dans le Fium'Orbu, a été la cible d'un attentat par incendie commis sur sa résidence en chantier de Solenzara, qui était en voie d'achèvement. Il témoigne d'un climat qui se tend sur la plaine orientale.
Le climat s'alourdit un peu plus en Plaine orientale avec cette nouvelle atteinte aux biens dont vient d'être victime Jean-François Guidicelli, un artisan carreleur de 59 ans, bien connu et très apprécié de la région. Le week-end dernier, l'entrepreneur accompagné de sa fille, se rend sur le chantier, une résidence en travaux que Jean-François et sa famille désirent habiter lorsque l'heure de la retraite aura sonné.
Il constate immédiatement sur le mur d'une façade l'inscription "IFF" ainsi qu'une baie vitrée donnant accès au rez-de-chaussée brisée. À l'intérieur de la pièce, le constat est édifiant. L'odeur de fumée est étouffante, les murs de la maison sont noircis et abîmés. Au sol gisent des cartons carbonisés imbibés d'essence qui ont servi à initier l'incendie.
Tout comme ses collègues entrepreneurs qui ont fait l'objet ces derniers mois d'atteintes aux biens, Jean-François Guidicelli se dit consterné par l'acte criminel dont il n'aurait jamais pensé être la cible.
"Oui je suis un spéculateur"
Préférant user d'ironie plutôt que de colère, l'artisan carreleur, qui depuis l'âge de seize ans consacre sa vie à la valeur travail dans un métier qui n'est pas réputé des plus aisés, n'a pas caché le fond de sa pensée :"Oui je reconnais que j'ai fait quarante ans de spéculation en tant que carreleur à genoux et le fruit de mon travail m'a permis de détenir, non pas une maison, mais dix", ironise Jean-François Guidicelli. Tout comme ces Corses de plus en plus nombreux à être victimes de ces attentats, l'artisan ne cherche pas à se justifier : "Je n'ai pas besoin de justifier que je suis Corse, je n'ai même pas besoin de demander pourquoi on a brûlé ma maison. Par contre je demande seulement à ces gens d'arrêter avant qu'il n'y ait un drame", martèle-t-il.
Dans cette ambiance délétère où chacun peut devenir la victime d'atteintes aux biens, les dommages ne sont pas que matériels et peuvent avoir de réelles conséquences psychologiques : "Le jour où j'ai découvert ma maison brûlée, j'étais avec ma fille. Depuis, ma femme, et mes deux autres enfants dorment peu et mal. Mais moi je dors en pensant aux auteurs de ce type d'actions. L'intérieur de ma maison a actuellement la même noirceur que leur état d'esprit", ajoute Jean-François Guidicelli.
Touché par cet attentat, l'artisan a souhaité conclure en ces termes : "J'ai une pensée pour mes amis entrepreneurs qui sont comme moi victimes de ce type d'actes et une grosse pensée pour Jean-Pierre Ottomani (dont la maison a été visée par un incendie criminel dans la nuit du 16 au 17 mai à Ghisonaccia et qui témoigne dans nos colonnes ce matin, ndlr). C'est une personne pour qui j'ai beaucoup de respect et qui ne méritait pas cela. Je souhaite également remercier toutes les personnes qui m'ont apporté leur soutien et leurs marques de sympathie".
Source: Corse Matin