La pollution dans le métro est-elle si importante qu’il faut se protéger avec un masque ?

May 23, 2023
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GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

POLLUTION - CO2, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, particules fines… L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte depuis des années sur la dégradation de la qualité de l’air en ville. On estime à environ 67 000 le nombre de Français qui meurent chaque année prématurément à cause de la pollution de l’air. Si les pots d’échappements des voitures sont souvent mis en cause, une nouvelle étude, publiée ce mardi 23 mai et réalisée pour l’émission Vert de Rage sur France 5, montre que la concentration en particules fines sur les quais des métros parisiens est en moyenne deux fois plus élevée que les recommandations de l’OMS.

Les chiffres sont parlants : la pollution aux particules ultrafines PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 micromètres) dans le métro et le RER est de 24 μg/m3, soit cinq fois plus que les 5 μg/m3 recommandés par l’OMS. De plus, la sur-pollution, définie comme l’excès de pollution dans la station de métro par rapport à l’extérieur, a été mesurée à 10,5 μg/m3 en moyenne.

Alors faut-il s’alarmer ? Comment se protéger de ces particules fines, notamment dans le métro ? Les réponses d’Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm et professeur d’épidémiologie environnementale à Montpellier.

Quels sont les risques pour la santé liée à la surexposition aux particules fines, et notamment les plus fines les PM2.5 ?

À court terme, cette pollution aggrave les pathologies déjà présentes, les processus inflammatoires liés aux allergies, ou les maladies cardiopulmonaires, comme les bronchites chroniques. Pour les personnes asthmatiques, les symptômes, et parfois des crises, surviennent au plus tard 24h après une exposition à ces particules fines.

Sur le long terme, être exposé régulièrement à des niveaux autour du seuil fixé par l’OMS, a des effets sur le système cardiaque et vasculaire (infarctus, AVC…). Les particules fines et ultrafines peuvent également pénétrer dans les alvéoles, puis se déplacer librement dans le sang, et ainsi provoquer des maladies neuro-dégénaratives (Parkinson, sclérose en plaques, Alzheimer…), mais aussi des maladies métaboliques (diabète, obésité…), des cancers du poumon ou des leucémies.

Ces risques semblent « énormes ». De telles pathologies peuvent-elles survenir en prenant le métro tous les jours ?

Oui, ils sont énormes comme vous dites, mais nous ne disposons d’aucune étude pour savoir à partir de quand l’exposition à ces particules devient véritablement dangereuse. Ça dépend de beaucoup de facteurs : la vulnérabilité de l’individu, le temps passé à attendre le métro, si la fenêtre est ouverte ou non dans le wagon…

Qui sont les plus vulnérables ?

Pour les femmes enceintes, inhaler des particules fines, c’est comme si elles fumaient pendant la grossesse, avec un risque accru de donner naissance à un bébé de faible poids ou prématuré. Les enfants sont aussi considérés comme un public fragile, parce que leurs organes ne sont pas complètement formés, le poumon terminant sa croissance à 20 ans.

Le risque est aussi très important pour le personnel qui travaille en station ou pour les conducteurs, car ils sont exposés à des seuils supérieurs à plus de 100 μg/m3 toute la journée. Pour le voyageur qui reste seulement 10 minutes à la station, le risque est plus dilué.

Existe-t-il des gestes préventifs pour se protéger de la pollution dans le métro ou le RER ?

Il y a bien évidemment les masques qui peuvent être portés notamment par les personnes les plus fragiles, mais ils sont loin d’être parfaits. Ils sont incapables de filtrer les particules ultrafines, les fameuses PM2,5.

Pour les trajets courts, privilégier la marche peut être aussi une solution, à condition que le chemin emprunté ne soit pas à côté d’une autoroute ! Idem pour le vélo.

Il faudrait aussi que les stations de métro aient de meilleurs systèmes de ventilations, que les trains avec de vieux freins soient remplacés par des neufs qui émettent moins de particules, et qu’il y ait un système d’alerte pour les usagers lorsque le seuil de 100 μg/m3 est dépassé.

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Source: Le HuffPost