le périlleux travail des électriciens ukrainiens du Donbass

April 24, 2023
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Le ministre des Transports Clément Beaune a achevé dimanche sa visite en Ukraine, à qui il a promis l'aide de la France pour reconstruire le pays attaqué par les Russes. Mais dans le Donbass où les combats continuent de faire rage, l’heure pour les électriciens est plutôt aux réparations d’urgence.

Installé dans sa voiture, Vitali obtient, par téléphone, le feu vert des militaires pour avancer. Le chef des électriciens se rassure : "Le ciel est bas aujourd'hui, philosophe-t-il, il y aura moins de drones russes". Le front est à moins de trois kilomètres de la ville d’Avdiïvka, que les Russes tentent de faire tomber. L'équipe de Vitali se précipite sur les fils électriques à terre. Soudain, des détonations les jettent à genoux. Le silence revient, ils reprennent les réparations. "On travaille le plus vite possible", encourage Vitali. Les gestes sont mécaniques, l'oreille attentive, repérant les tirs russes. "Départ !", crie-t-il.

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Si dans le reste du pays le réseau a tenu malgré les attaques intensives des Russes qui espéraient ainsi priver les civils de chauffage et les militaires d'énergie, dans le Donbass, où les combats font toujours rage, le soulagement n'est pas encore de mise. Le principal pipeline de gaz est coupé et la consommation électrique a augmenté. Il faut sans cesse réparer les dégâts causés par les frappes, parfois, au péril de sa vie. Vitali et ses collègues travaillent donc désormais avec des gilets pare-balles. "C'est lourd. On a mal au dos et aux bras", témoigne l’un d’eux.

Un travail sans fin et dangereux

Mais le travail a payé : 50 foyers sont de nouveau raccordés au réseau et l’équipe repart vers un autre village. Un travail sans fin, explique Vitali.

"Parfois, on vient de finir les travaux mais les Russes ont vu qu'on avait réparé. On s'en va et là, ils frappent de nouveau au même endroit." Vitali, chez d'une équipe d'électriciens dans le Donbass à franceinfo

"On peut revenir comme ça plusieurs fois par jour", conclut Vitali fataliste. Le poteau vacille. Son collègue Max grimpe dessus avec des griffes aux pieds, sous les yeux de son chef. "Avant on arrivait, on déployait l'échelle. Hop ! Deux gars dans une nacelle. En deux temps trois mouvements, c'était réparé. Maintenant, c'est plus difficile dans ces conditions. Aussi près de la ligne de front, les Russes voient les gars et les visent".

"Ça bombarde tous les jours"

L'agitation a fait sortir Alexeï de sa maison. Le courant a été coupé la veille, les plongeant dans le noir. "On a dû chauffer le poêle, on n'a rien d'autre. On n'a plus de gaz. Sans électricité pour cuisiner, il n'y a plus que le poêle où faire du feu dehors", témoigne-t-il.

L'Armée russe avance. Ici, elle butte pour prendre la ville d'Avdiïvka en tenaille. Alors elle essaie de contourner en passant par ses villages. "Ces derniers temps, ça bombarde tous les jours, poursuit Alexeï. Je n'ai nulle part où aller, je n'ai pas de moyens. Qu'est-ce que je peux faire ? On restera ici jusqu'à la victoire". Ce soir-là, une voisine sera tuée dans un bombardement.

Source: franceinfo