Teleperformance : Avec une acquisition surprenante et un début d'année décevant, Teleperformance chute en Bourse
(BFM Bourse) - Le spécialiste de la relation client externalisée a annoncé le projet d'acquisition de la société luxembourgeoise Majorel pour un montant de 3 milliards d'euros, avec une composante en capital. En parallèle, son chiffre d'affaires du premier trimestre s'est avéré inférieur aux attentes.
Entre un début d'année moins dynamique qu'anticipé par les analystes et un projet d'acquisitions de très grande taille, Teleperformance prend le marché à contre-pied ce mercredi. Le spécialiste de la relation client externalisée a en effet annoncé mercredi matin une opération de croissance externe transformante, Teleperformance ayant décidé d'acquérir le luxembourgeois Majorel pour un montant total de 3 milliards d'euros.
Fondée en 1992 et cotée à Amsterdam, Majorel est une entreprise très similaire à Teleperformance. Elle a dégagé des revenus de 2,1 milliards d'euros, l'an passé, en croissance de 19% en données comparables.
À lire aussi Créez et gérez votre portefeuille virtuel
Un groupe de près de 11 milliards d'euros de chiffres d'affaires
Le rapprochement entre Teleperformance et Majorel donnerait naissance à un groupe affichant des revenus d'environ 12 milliards de dollars (un peu mois de 11 milliards d'euros) sur la base des prévisions de 2023. Majorel doit permettre de compléter les compétences de Teleperformance dans plusieurs pays, notamment en Europe, et d'accélérer sa croissance Asie-Pacifique et en Afrique.
En outre, Teleperformance estime que la transaction dégagera des synergies chiffrées entre 100 millions et 150 millions d'euros par an, via "des mesures d'efficacité opérationnelle", des effets d'échelle ou le développement de nouveaux produits.
Concernant l'offre de rachat à proprement parler, Teleperformance va lancer une OPA pour acquérir la totalité du capital de Majorel sur la base de 30 euros par titre, ce qui représente une prime de 43% par rapport au cours de clôture de mardi de Majorel.
Les actionnaires de la société luxembourgeoise auront le choix d'opter pour un paiement en cash ou en actions Teleperformance, dans la limite d'un milliard d'euros d'actions du groupe français. L'entreprise compte à ce titre émettre jusqu'à 4,61 millions d'actions pour servir cette composante en capital. Pour la partie numéraire elle aura recours à de l'emprunt bancaire.
Une dilution pour les actionnaires
Les actionnaires de contrôle de Majorel – dont l'allemand Bertelsmann qui possède RTL et M6 – se sont engagés à apporter leurs titres à l'offre. Ces porteurs représentent 79% du capital.
L'opération s'avère étonnante, eu égard à son importance. La croissance externe a toujours été un axe de développement phare de Teleperformance mais le groupe n'a pas pour habitude de cibler des sociétés d'une taille aussi imposante.
"C'est une acquisition surprenante, dans la mesure où Majorel fait grosso modo la même chose que Teleperformance sans grand facteur de différenciation. Il était difficile de prévoir que le groupe lance une acquisition aussi grande, a fortiori sur son 'core business' [son activité cœur de métier, NDLR]", juge un analyste financier.
"Nous pensons que cette opération va à l'encontre de l'esprit de la stratégie de fusion et d'acquisition communiquée précédemment. Nous pensons que de nombreux investisseurs seront contraints de revoir leur thèse d'investissement sur Teleperformance et nous prévoyons une période de forte volatilité des actions", élabore de son côté Royal Bank of Canada.
La partie en capital de l'acquisition, synonyme de dilution pour les actionnaires, peut également gripper le marché. Vers 10h00, l'action Teleperformance dévissait de 14%, soit la plus forte baisse du CAC 40.
Un objectif de croissance abaissé
Le titre peut aussi être pénalisé par le début d'année décevant de la société en matière d'activité. Sur les trois premiers mois de l'année, Teleperformance a vu ses revenus augmenter de 1,9% en données comparables, à 2 milliards d'euros. Or, selon un consensus cité par Royal Bank of Canada, les analystes tablaient sur une progression de 2,6%, sur ces mêmes bases. La croissance au cours du trimestre a notamment été affectée par "les turbulences du marché suite à l'effondrement de la Silicon Valley Bank, qui ont retardé les décisions de clients potentiels clés", relève Deutsche Bank.
A la lueur de ce début d'année moins dynamique que prévu, Teleperformance a été contraint de revoir à la baisse ses objectifs de croissance pour l'année en cours.
Hors contrats liés au Covid (qui créent une base de comparaison élevée pour 2022), Teleperformance table désormais sur une croissance située entre 8% et 10% pour l'exercice 2023, contre "environ 10%" précédemment. Maigre compensation, la société a relevé son objectif de marge opérationnelle à environ 16% contre 15,7% précédemment.
"Les ajustements des perspectives si tôt dans l'année et les commentaires sur les incertitudes macroéconomiques dans l'année devraient susciter des questions", juge la banque Stifel.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse