le cinéaste italien décapant et engagé Nanni Moretti en neuf films inoubliables

May 24, 2023
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Il présente son dernier film en compétition à Cannes. Le réalisateur Nanni Moretti est en lice pour la Palme d'or avec "Il Sol Dell'Avvenire". A l'occasion de la neuvième sélection cannoise de l'Italien, retour sur quelques-uns de ses grands films.

Le réalisateur Nanni Moretti revient à Cannes pour présenter son seizième film, Il Sol Dell'Avvenire. C’est la neuvième sélection au Festival du réalisateur italien, qui avait remporté la Palme d’or en 2001 pour La chambre du fils. Retour sur huit films inoubliables du cinéaste.

1 "Ecce bombo" (1978)

Ecce bombo est le deuxième film de Nanni Moretti et c’est déjà un succès, puisqu’il est sélectionné au Festival de Cannes de 1978. L’action de cette comédie se déroule en plein milieu des années de plomb en Italie. Le réalisateur, qui joue dans le film, incarne le rôle de Michele, un jeune cinéaste soixante-huitard. C’est un personnage central dans la filmographie de Moretti, puisqu’on le retrouve dans plusieurs de ses films, souvent à dimension autobiographique.

Le film suit le jeune cinéaste et Silvia, celle qui partage sa vie, leurs états d’âmes, leurs amis, le cinéma… Véritable film contemplatif, il rend compte de l’état d’esprit des jeunes Italiens de l’époque, souvent sans emploi et engagés dans le mouvement de 1977. Une réplique est restée célèbre : "Faccio cose, vedo gente", ("Je fais des choses, je vois des gens").

2 "Sogni d’oro" (1981)

Trois ans plus tard, Nanni Moretti revient avec un nouveau film, Sogni d’oro (doux rêves, en Français). Le public retrouve le personnage de Michele, cette fois-ci en pleine rivalité avec Gigio Cimino, un réalisateur émergent. Cette comédie dramatique est un nouveau succès, grâce auquel Nanni Moretti obtient le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1981.

3 "La messe est finie" (1985)

La messe est finie aborde deux thèmes fétiches de Nanni Moretti : la religion et la famille. Dans cette comédie dramatique où le cinéaste tient le rôle principal, un jeune prêtre, qui vit depuis dix ans sur une petite île, est nommé dans une paroisse de Rome. Il y découvre ses fidèles, leurs contradictions et leurs angoisses, avant d’être totalement désarçonné. Le jeune homme doit alors se tourner vers sa famille, avec laquelle il réalise qu’il est totalement en décalage.

Avec ce film, pas de doute, la "patte" Moretti est décidément trouvée : un cinéma doux-amer, qui traite de sujets profonds, mais avec un humour parfois tordant. La messe est finie remporte l’Ours d’argent pour le Grand prix du jury à la Berlinale en 1986.

4 "Palombella rossa" (1989)

Un homme, toujours le même Michele (Nanni Moretti), qui vient de perdre la mémoire à la suite d'un accident, semble découvrir qu'il est le membre d'une équipe de water-polo, et qu'il est communiste. C'est au cours d'un match que le passé refait surface, réapparaissent les souvenirs de son enfance et de ses débuts dans le PCI. A partir de ce match, Moretti dresse son dur constat sur l'Italie des années 1980 (celles d'avant Berlusconi), et sur son époque, avec pour fond sonore, une obsédante chanson de Franco Battiato : E ti vengo a cercare. Un film qui fera date en Italie.

5 "Journal intime" (1994)

Il s’agit peut-être du film le plus autobiographique de Nanni Moretti. Le cinéaste, qui joue également le rôle principal, plonge les spectateurs au cœur de son journal intime. Le tout en trois étapes : une première partie du film se focalise sur les trajets en Vespa du réalisateur à travers Rome ; une seconde est consacrée aux îles italiennes ; et la troisième au rapport de Moretti avec les médecins et son errance médicale suite à un lymphome de Hodgkin.

C’est avec ce film que Nanni Moretti accède à la notoriété internationale, grâce au Festival de Cannes où il remporte le prix de la mise en scène.

6 "Aprile" (1998)

Encore une fois c'est un film très personnel, mais aussi éminemment politique que propose Nanni Moretti. Dans Aprile, le réalisateur se met en scène aux côtés de sa mère, sa femme et son fils qui jouent tous leurs propres rôles. L'action commence en 1994, au soir de la victoire de Silvio Berlusconi aux élections en Italie. Nanni Moretti veut réaliser un documentaire sur la campagne du candidat régionaliste et populiste de la Ligue du Nord Umberto Bossi, mais plusieurs évènements vont l'en empêcher.

Le film est présenté en sélection officielle au Festival de Cannes de 1998.

7 "La chambre du fils" (2001)

Pour son neuvième film, Nanni Moretti aborde l'un de ses thèmes de prédiléction : la psychanalyse. Le réalisateur y incarne un psychanalyste qui exerce dans une petite ville du Nord de l'Italie. Le spectateur est emporté au rythme des névroses que les patients dévoilent au médecin. Un dimanche, alors qu'il doit aller courir avec son fils, il est appelé en urgence par l'un de ses patients. Mais son enfant va alors disparaître et le film prend la forme d'un drame familial.

Ce long-métrage connaît un succès critique fulgurant. Il est présenté en compétition au Festival de Cannes, où il remporte la Palme d'or en 2001.

8 "Habemus papam" (2011)

Dans Habemus papam, Moretti offre à Michel Piccoli l'une de ses dernières apparitions à l'écran, mais aussi l'un de ses plus grands rôles. L'acteur français y incarne le Pape. Chose rare, Moretti choisit de montrer le déroulement du conclave, ou l'élection du souverain pontif. Le cardinal Melville (Michel Piccoli) est élu, mais, au moment de s'avancer sur le balcon et de s'adresser aux fidèles réunis sur la place Saint-Pierre, il est pris d'une crise de panique. S'ensuit une longue réflexion sur la religion, le devoir et la psychologie, dans un film profondément humain et emprunt d'un humour propre à Moretti.

9 "Tre piani" (2021)

Tre piani est l'adaptation de Trois étages, roman de l'écrivain israélien Eshkol Nevo, paru en 2015. Nanni Moretti promène sa caméra à travers trois étages d'un immeuble, trois familles différentes, mais toujours les mêmes thèmes : la parentalité, la justice, le vivre ensemble...

Sélectionné en compétition au 74e Festival de Cannes, le film ne remporte pas de prix. Les critiques dans la presse, qu'elle soit italienne ou internationale, sont très divisées.

Source: franceinfo