Cannes 2023, jour 9 : les plateformes font leur marché sur le tapis rouge

May 24, 2023
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Netflix vient d’acheter les droits de diffusion de “May December”, le film acclamé de Todd Haynes, pour 11 millions de dollar. Pendant ce temps, en salles, c’est Maïwenn qui gagne.

Michael Smith, Julianne Moore, Todd Haynes, Charles Melton et Natalie Portman au photocall de « May December », à Cannes le 21 mai. Photo Christophe Simon / AFP

Par Emma Defaud Partage

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Le coup de maître de Netflix. En 2017, la sélection de deux films de Netflix fait monter la tension sur la Croisette. Okja, de Bong Joon-ho, est hué autant qu’applaudi en fin de projection, et cela n’a pas tout à voir avec la qualité du long métrage. Les distributeurs français, en force au festival, refusent de donner de la visibilité à des films qui ne sortent pas en salles et menacent ainsi leur économie. L’irrémédiable suite ne leur donnera pas tort, la pandémie ayant transformé les plateformes en acteurs incontournables de l’industrie.

Pourtant, les plateformes filent doux à Cannes depuis cette année-là. Mais, dans une stratégie de pas de fourmi, on les voit réapparaître aux marges de l’accord tacite des dernières années. Killers of the Flower Moon, le dernier Scorsese, est produit par Apple mais bénéficiera d’une sortie en salles mondiale avant d’être diffusé sur Apple TV+. Netflix vient de passer un nouveau cap en achetant les droits américains de May December, de Todd Haynes, 11 millions de dollars. Sans être une production de la plateforme, le film devrait donc être proposé en streaming aux États-Unis (après une brève sortie dans quelques cinémas pour concourir aux Oscars) et en salles ailleurs. Todd Haynes, dont le long métrage a été largement salué à Cannes, pourrait-il passer à côté de récompenses à la suite de cet accord ? Les paris sont ouverts.

Top 14. Le quinzième film de Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, entre en compétition à Cannes ce soir. Comment ? Vous n’avez toujours pas vu de film du maître italien ? Une bonne raison de consulter notre classement de ses longs métrages pour voir par lesquels commencer.

Du gaz dans l’eau. Mardi, la CGT-Énergie a organisé une mobilisation contre la réforme des retraites, en marge de laquelle a eu lieu une coupure de courant. Avouons-le, dans l’équipe de Télérama, personne ne s’en est aperçu. Celle-ci ciblait particulièrement les restaurants haut de gamme sur les plages privées des hôtels de la Croisette, nos projections n’ont pas été touchées.

La drôle de nuit de The Weeknd. Lundi, dans l’atmosphère mystérieuse qui accompagnait The Idol à Cannes, chacun a joué son rôle à la perfection. Les curieux faisaient semblant de l’être, les acteurs et les producteurs affichaient une confiance qu’ils n’avaient pas. HBO avait bien fait son travail à Cannes, distribuant les tickets par poignées aux influenceurs et fêtards de la Croisette. Ils ne savaient toutefois pas trop sur quel pied danser pendant la séance. On vous raconte ce moment particulier dans la vie de The Weeknd.

La solution de Pierre Niney. L’acteur principal du Livre des solutions, de Michel Gondry, nous a confié SA solution pour être un bon comédien. Mais quand le réalisateur s’en mêle et donne la sienne, ils ne sont plus d’accord. À découvrir dans notre vidéo.

Budget record pour Gilles Lellouche. Le film s’appelle L’Amour ouf et est coécrit avec Audrey Diwan (L’Événement). Il s’appuie sur un budget de 32 millions d’euros, un investissement record pour Studio Canal et un casting choral prometteur avec notamment François Civil, Adèle Exarchopoulos, Benoît Poelvoorde, Alain Chabat, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi ou Élodie Bouchez. Il adapte le roman éponyme de Neville Thompson sur l’histoire d’un amour contrarié qui se déroule sur vingt ans et débute dans les années 1980.

Et pendant ce temps-là, madame du Barry… Accusation/tapis rouge, tribune/standing ovation, attaque/contre-attaque. La première semaine de Cannes a été rythmée par les rebondissements des polémiques concernant Johnny Depp et Maïwenn. Pas de quoi faire chavirer le box-office qui donne l’actrice-réalisatrice gagnante dans ce combat : le film a créé aussi l’événement dans les salles.

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Nos critiques du jour

r Asteroid City, de Wes Anderson ► Une famille, une petite ville, une météorite et une troupe de théâtre se mêlent dans un récit gigogne. Sous le plaisir esthétique et les trouvailles décalées, le film conte non sans gravité l’ambivalence des années 1950 aux États-Unis.

r L’Enlèvement, de Marco Bellocchio ► En 1858, les autorités pontificales enlèvent un enfant juif baptisé en douce. De ce scandale mondial, Marco Bellocchio tire un récit puissant, alternant humour grinçant et scènes déchirantes.

r L’Amour et les Forêts, de Valérie Donzelli ► Ils s’aiment follement, elle quitte tout pour lui. Isolement, jalousie, emprise… Entre conte et thriller, une plongée dans l’enfer conjugal avec Virginie Efira et Melvil Poupaud, d’après Éric Reinhardt, sélectionnée à Cannes Première.

r La Fleur de Buriti, de João Salaviza et Renée Nader Messora ►Le couple de cinéastes João Salaviza et Renée Nader Messora continue de montrer la vie des Krahô, peuple autochtone du Brésil qui lutte pour son avenir et la préservation de ses terres.

q Omar la Fraise, d’Elias Belkeddar ►Deux petits gangsters en exil à Alger se voient contraints d’accepter leur nouvelle vie. Porté par un duo de comédiens efficace, ce premier film qui joue habilement avec les clichés du genre, présenté en séance de minuit à Cannes, sort en salles ce mercredi.

q Kubi, de Takeshi Kitano ►Le réalisateur japonais conte les aventures d’un seigneur de guerre pervers et de ses officiers tout aussi tordus… Un récit parfois confus, qui tient grâce à son comique morbide et ironique.

q La Fille de son père, d’Erwan Le Duc ► Perdrix, sa comédie romantique très originale sur un gendarme qui ne l’est pas moins, nous avait enthousiasmés il y a quatre ans à la Quinzaine des réalisateurs. Cette année, Erwan Le Duc clôt en beauté la Semaine de la critique avec une chronique sensible de la relation entre un jeune père entraîneur d’une équipe de foot (le réalisateur fut journaliste sportif au Monde) et sa fille adolescente plus mature que lui à bien des égards. Le film et ses formidables interprètes Nahuel Pérez Biscayart et Céleste Brunnquell sont aussi drôles que touchants. Manque juste ce petit surcroît de folie douce qu’amenaient les seconds rôles dans Perdrix.

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Source: Télérama.fr