La JL Bourg en terre inconnue : "Cette demi-finale, une marche indispensable à notre progression"
Dans la salle de réception attenante à Ékinox, la nuit a été longue mardi. Ou courte, c’est selon… « Mais ça valait le coup, non ? », souffle Julien Desbottes, le président de la JL Bourg qui vient de signer la plus belle réussite de son histoire en se qualifiant pour sa première demi-finale de Betclic ÉLITE. Un résultat sportif attendu, espéré, depuis de longues années, mais qui peinait à se dessiner, soit par manque de chance (interruption du championnat par le Covid en 2020), soit tout simplement par manque de niveau (comme l’an dernier). Ancien Petit Poucet de la Pro A des années 2000, la Jeunesse Laïque conservait le souvenir enchanté d’un week-end à Dijon lors de la Semaine des As 2006 comme sa performance de référence dans les mémoires collectives, celle qui a presque plus marqué les gens, vu le contexte, que toutes les récentes 5e place accumulées. Puis le club bressan s’est développé en dehors des terrains, à tous les étages, s’offrant des infrastructures et un modèle économique souvent cités en exemple par ses concurrents, mais il manquait ce fameux coup d’éclat sportif. Celui qui ferait basculer la JL dans une nouvelle dimension. « Vu comment le club s’est construit, il faut gagner des matchs sur le terrain maintenant pour faire parler de Bourg-en-Bresse », acquiesce Frédéric Fauthoux. « On ne peut pas toujours bien se construire et ne pas gagner, ça ne sert à rien. Cela vient valider le travail entrepris depuis plusieurs années. »
Le match qu’il fallait pour créer une vraie culture club à Bourg ?
Bientôt engagé dans sa 19e demi-finale en carrière, l’ancien capitaine de Pau-Orthez rapproche celle-ci de celle vécue à la tête de Levallois en 2017, « car on était l’invité surprise ». Débarqué dans l’Ain l’été dernier en lieu et place de Laurent Legname, le technicien landais a réussi à redonner le sourire à tout un club, marqué par une saison 2021/22 éprouvante. « Freddy est pour beaucoup dans ce résultat », applaudit son président Julien Desbottes. « Tout au long de l’année, son coaching a été orienté vers le partage et il a su tirer la quintessence de nos onze joueurs. Je suis content pour lui car quitter l’ASVEL était évidemment une décision difficile. Mais il a de suite su repositionner le club là où il était avant. » Fauthoux a même fait mieux que cela : en égalant les meilleures marques de la JL (5e de Betclic ÉLITE, Top 16 en EuroCup, finale de Leaders Cup, Top 8 de Coupe de France), il vient de valider le plus joli bilan de l’histoire du club, en y ajoutant ce dernier carré. « Mais je ne veux pas que ce match soit la finalité de notre saison », tempère-t-il. Il symbolise tout de même une vraie réussite : celle d’avoir su se remettre de la déception de la défaite en finale de la Leaders Cup, qui aurait pu constituer le sommet de l’année et augurer d’une conclusion décroissante. Mais l’équipe a su se remobiliser pour arracher un accomplissement inédit pour le club. « Ça fait plaisir d’écrire l’histoire et de faire partie de ce groupe qui amène la JL là où elle doit être », se réjouit le héros Jordan Floyd.
Surtout, la JL Bourg a arraché cette demi-finale avec la manière. Avec le niveau de jeu, le suspense, l’enjeu et le dénouement, il y a même déjà quelques arguments pour faire de la réception de la JDA le plus grand match d’histoire du club. Avec, au bout du compte, un sweep contre Dijon, « à la culture de la gagne bien supérieure à la nôtre » dixit Julien Desbottes, paraphé par un game-winner (92-90) dans une salle d’Ékinox qui n’avait certainement jamais autant vibrée. Pour la constitution d’une identité club, il le fallait. Auparavant, le hangar Amédée-Mercier était un chaudron redouté par tous les adversaires, parfois jusqu’à la limite comme lorsqu’Aymeric Jeanneau a quitté la rue Charles-Robin en prenant une gifle. Le passage à Ékinox a propulsé la JL Bourg dans une autre dimension mais le public s’est considérablement calmé. Encore mardi, à part dans le money-time, derrière le maquillage de la sono poussée à l’extrême, l’ambiance n’était pas spécialement à la hauteur d’un match de playoffs. Logique, d’un côté, pour une salle qui n’avait plus connu de matchs couperets depuis 2016, en Pro B. Mais la grande aventure promise par le shoot de Jordan Floyd pourrait tout changer… « Sentir cette ébullition, cette émulation, ce partage, ça nourrit pour se remettre au travail pour faire mieux et revivre des instants de cette qualité émotionnelle », dit Julien Desbottes. « On ressent l’énergie des gens en ville, autour du club », ajoute Frantz Massenat.
« Ce n’est pas un accident »
L’excitation autour de cette future demi-finale se comprend mieux avec un saut dans le passé. Il y a dix ans, la JL Bourg venait juste de se qualifier pour les playoffs de Pro B, se remettant de deux saisons d’affilée à la 11e place, indignes de ses ambitions de l’époque. C’était le moment du retour de Frédéric Sarre, l’homme qui avait déjà permis à la Jeu de goûter aux phases finales de Pro A avec deux tours préliminaires en 2005 et 2006 (défaites contre Pau-Orthez et Le Mans). « Je suis très heureux pour Frédéric Sarre, dont la retraite approche à grand pas », clame Julien Desbottes. « Il est pour beaucoup dans le travail fourni pour passer du milieu de tableau de la Pro B au Top 4 français. » Celui qui dirige également une société d’expertise comptable ne le dira certainement jamais lui-même mais lui aussi tient une part majeure dans ce revirement, entamé en 2012 lors de sa prise de pouvoir. « Quand Julien Desbottes est venu me chercher, c’est le seul président que j’ai vu arriver avec un document écrit de projet de club », racontait Frédéric Sarre plus tôt dans la saison. « Et pour imager, s’il faisait 60 pages à l’époque, il n’en reste plus que 5 maintenant, quand on compare son contenu avec la réalité actuelle. Le club a été capable de structurer, de s’organiser et de travailler entre les différents services pour une seule idée. » Sous pression depuis deux ans, notamment avec le choix Laurent Legname qui lui incombait entièrement et qui a précipité le club aux prud’hommes, le dirigeant avait les mots du soulagement ce mercredi après-midi. « C’est pour contribuer à écrire l’histoire de la JL que je suis président. Forcément, j’ai envie de savourer pendant 24h le plaisir d’atteindre les demi-finales. J’ai vraiment eu le sentiment de toucher cette saison le plafond de ce que l’on pouvait faire sportivement mais concrétiser sur le terrain ce Top 4 était une marche indispensable à notre progression. Au-delà de l’évolution sportive, ce qui me plait est la manière. Il y a un vrai alignement entre les gens, on met le club en premier devant nous et nos ambitions. Ce n’est pas un accident d’être en demi-finale mais bien la conséquence d’un processus. » Et surtout, une simple étape ?
Source: bebasket