Dans le Nord, la ville de Roubaix sous le choc après la mort de trois jeunes policiers

May 24, 2023
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Une femme dépose un bouquet de fleurs devant le commissariat de police de Roubaix (Nord), mardi 23 mai 2023. SAMEER AL-DOUMY / AFP-PH

Il y a tellement de bouquets devant l’entrée du commissariat de police de Roubaix (Nord) qu’il a fallu en mettre une partie dans la salle d’attente. Des couronnes, des bouquets de fleuristes, d’autres plus modestes, quelques dessins d’enfants. L’émotion est palpable dans cette ville où travaillaient les trois jeunes policiers tués, dimanche 21 mai au matin, dans un accident de la circulation, percutés par un véhicule roulant à contresens, en excès de vitesse et dont le conducteur était fortement alcoolisé et drogué, selon les éléments d’enquête.

A la veille de l’hommage national qui se tiendra à l’école de police de Roubaix-Hem, jeudi 25 mai, à midi, en présence d’Emmanuel Macron, elle n’est pas retombée. Deux jeunes policiers viennent de sortir du commissariat et se sourient en trouvant, glissé entre des fleurs, une petite voiture, un jouet d’enfant posé là. Les collègues des trois victimes âgées de 24 et 25 ans, n’en ont pas fini avec le chagrin.

Dans cette ville où « la première insécurité est sans doute la délinquance routière », comme l’observe Jean-François Boudailliez, un ancien élu, et même si l’accident a eu lieu sur la commune voisine de Villeneuve-d’Ascq (Nord), les conditions dans lesquelles sont morts les trois policiers ajoutent au besoin de témoigner sa solidarité. « Ce n’était pas une course-poursuite, nos collègues n’ont pris aucun risque, rappelle un gradé du commissariat. Ce n’est pas facile d’être policier à Roubaix, c’est un terrain dur. Nous sommes d’autant plus sensibles à la solidarité que les Roubaisiens nous témoignent. »

« C’est un flux régulier et c’est impressionnant »

Quelques heures à peine après que la nouvelle de l’accident s’est répandue, des anonymes sont venus spontanément jusqu’au commissariat central. Et, depuis dimanche, ça n’arrête pas. « C’est un flux régulier et c’est impressionnant », pour Guillaume Delbar, le maire (DVD) de Roubaix, qui y voit « un beau témoignage de reconnaissance du travail de la police, au moment où elle vit un drame absolu ». Dimanche, il s’est rendu au commissariat « sous le choc ». « Des policiers s’écroulaient en pleurs. »

Trois jours plus tard, il y a une retenue inhabituelle dans la salle d’attente envahie de bouquets. La vie a repris, avec son lot de dépôts de plaintes, de convocations, d’explications parfois difficiles entre les fonctionnaires de l’accueil et des personnes agacées par la lenteur des démarches.

Deux jeunes hommes venus pour une affaire de voiture volée qu’ils affirment être la leur confient, à leur sortie, s’être « retenus » de « s’énerver, même si ça dure depuis trois semaines et [que] ce n’est pas normal. Mais, là, faut du respect quand même ». Derrière sa poussette, Mélanie Duhamel, une jeune mère de famille, se dit « consternée ». Elle venait pour porter plainte pour un vol à la roulotte, mais a fait demi-tour. Elle reviendra un autre jour. « Là, je ne le sens pas. Ils ont autre chose à faire et à penser. »

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Source: Le Monde