Avec l’incursion de Belgorod, le Corps des volontaires russes et la légion Liberté de la Russie veulent préparer la chute de Poutine

May 24, 2023
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Des membres du Corps des volontaires russes, non loin de la frontière russe, le 24 mai 2023. EVGENIY MALOLETKA / AP

Leur coup d’éclat a contraint le Kremlin à hausser le ton. Deux groupes armés russes ont revendiqué l’attaque lancée lundi 22 mai depuis l’Ukraine dans la région russe de Belgorod. Plus de vingt-quatre heures après, Moscou affirmait avoir « écrasé », avec son aviation et son artillerie, les auteurs de ce raid, non sans avoir dû brièvement instaurer un régime « antiterroriste » au niveau local. Deux organisations, qui disent avoir agi de concert, ont revendiqué cette incursion, la plus spectaculaire enregistrée sur le sol russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022 : le Corps des volontaires russes (RDK) et la légion Liberté de la Russie.

La première formation, le RDK, s’est fait connaître au début de mars en revendiquant l’incursion en Russie dans la région frontalière de Briansk. Le RDK est dirigé par Denis Nikitine (Kapoustine, de son vrai nom), figure connue du milieu hooligan et d’extrême droite en Russie, où il est désormais considéré comme un « terroriste ». Il organisait en Ukraine des combats de MMA et possédait une marque de vêtements.

Créée au printemps 2022, la légion Liberté de la Russie est dirigée par l’ancien député russe Ilia Ponomarev, le seul à avoir voté contre l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et qui s’est, par la suite, installé en Ukraine et a combattu notamment à Bakhmout.

Si les deux groupes revendiquent des divergences idéologiques, ils « partagent la même ambition : celle de renverser le pouvoir russe actuel, restituer à l’Ukraine le Donbass et la Crimée et mettre fin à une guerre jugée fratricide – Russes contre Ukrainiens – et catastrophique pour l’image et la stabilité de la Russie », analyse Adrien Nonjon, doctorant à l’Inalco, spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême droite post-soviétique.

Deux formations aux objectifs différents

La légion Liberté de la Russie s’est formée pour lutter contre l’invasion russe. Bras armé d’une partie de l’opposition russe exilée en Ukraine, elle porte « la même ambition que l’opposition russe “classique” au régime de Vladimir Poutine, qui a vu le jour au cours des années 2000 », ajoute Adrien Nonjon, qui croit déceler « dans une certaine mesure l’influence du républicanisme russe de février 1917, date à laquelle Kerenski renverse le tsar pour y instaurer un système parlementaire et démocratique plénier ».

Les profils ultranationalistes n’y sont toutefois pas absents, comme l’illustre un de ses représentants, connu sous le pseudonyme de Caesar. En janvier 2023, le média d’investigation russe Agentstvo l’avait identifié comme un membre actif, depuis le début des années 2010, de l’organisation nationaliste radicale russe de droite, la Légion impériale, qu’il affirme avoir quitté. Dans un entretien avec Radio Svoboda, le 30 janvier, il se disait originaire de Saint-Pétersbourg et racontait comment il a fini par rejoindre cette formation après avoir essayé de s’engager dans la Légion internationale pour la défense territoriale de l’Ukraine, où les Russes ne sont pas acceptés. « De par mes convictions, je suis un nationaliste de droite. J’ai compris depuis longtemps qu’un changement légal de pouvoir en Russie est impossible, car tout le pouvoir est entre les mains de la dictature du Kremlin », expliquait-il.

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Source: Le Monde