"Ça fait longtemps qu'on se prépare", confient les habitants en exil des territoires occupés par les Russes avant la contre-offensive de Kiev
Avec les rumeurs d’une contre-offensive qui pourrait dans les prochaines semaines tenter de chasser les Russes des territoires du sud de l'Ukraine, de nombreux habitants en exil se préparent déjà à rentrer eux.
À Zaporijjia, Iryna et Pavlo patientent devant un centre d’aide pour les habitants en exil de Melitopol, grande ville du sud de l'Ukraine occupée depuis bientôt 15 mois. Dans la file d'attente pour recevoir leur colis alimentaire, ils envisagent un retour chez eux. "Nous attendons la libération de Melitopol", affirme Pavlo, espérant la réussite de la contre-offensive annoncée de Kiev face aux troupes russes. Iryna abonde : "Oui, ça fait longtemps qu'on se prépare. On cherche déjà à identifier ceux qui ont pu collaborer. On essaie de faire en sorte qu'ils quittent la ville, qu'ils partent en Russie, s'ils y arrivent. Sinon, tant pis pour eux, pour que la ville soit débarrassée de ces gens-là !".
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Vitaliy a refusé de collaborer avec les Russes. Ce policier a donc quitté sa ville dès les premiers temps de l’occupation. Comme beaucoup, il est revenu de l’étranger récemment pour se tenir prêt pour une contre-offensive. "Tout le monde a compris que ce n'était qu'une question de temps, mais un temps qui peut durer trois mois, six mois... Quand les gens sont partis à l'étranger, ils ne savaient pas ce qu'il les attendait le lendemain. Mais maintenant, ils s'informent beaucoup entre eux sur ce qu'il se passe et ils ont espoir de rentrer à la maison."
Les autorités en exil de Melitopol préparent une éventuelle libération
Les déplacés de Melitopol affluent donc à Zaporijjia, où les autorités en exil de la ville leur remettent un questionnaire : il s’agit de savoir qui veut rentrer dès la libération, et comment chacun pourra se rendre utile.
Artem Chuliatiev coordonne les initiatives des autorités en exil de la ville de Melitopol pour savoir qui veut rentrer dès la libération, et comment chacun pourra se rendre utile. (CAMILLE MAGNARD - LAURENT MACCHIETTI / RADIOFRANCE)
Artem Chuliatiev coordonne ces initiatives : "Les gens nous répondent par exemple : 'Moi, je peux réparer des voitures, moi, je peux faire du pain, etc....' Donc, on a déjà une base de gens qui, dès qu'on pourra retourner à Marioupol, pourront gérer des urgences humanitaires sur place, quartier par quartier". Car personne ne sait vraiment dans quel état ils vont retrouver leur ville et ses habitants, après 15 mois d’occupation russe. Mais aussi après les combats qui s’annoncent pour libérer la région.
"Je ne sais même pas s'il reste des hommes dans la ville." Artem Chuliatiev franceinfo
"À Donetsk ou à Louhansk, tous les hommes ont été forcés de combattre. À Donetsk, ils ont même envoyé à la mort des musiciens d'un orchestre et aujourd'hui, il n'y a plus d'orchestre", rapporte Artem Chuliatiev. À Zaporijjia, tous espèrent que les Russes vont battre en retraite dès les premiers combats de la contre-offensive ukrainienne. C’est ce qu’ils avaient fait l’an dernier autour de Kharkiv et de Kherson.
Source: franceinfo