Gare à cette carte sur l’impact de la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035
Une comparaison incomplète qui a pourtant déclenché une vague de scepticisme et de moqueries sur Facebook. Des internautes s’interrogent sur la pertinence de l’interdiction à la vente des véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035 dans l’UE. Ils utilisent un planisphère, sur lequel les pays européens ainsi que la Californie sont en bleu. Comparés au reste du monde, ces territoires semblent effectivement peu importants. La carte est accompagnée de légendes moqueuses : « C’est sûr qu’on va sauver le monde », « En bleu, les Etats qui vont interdire en 2035 les moteurs à combustion interne pour sauver le monde. SVP, ne pas rire ! ». Sur une autre légende, on peut lire que ces pays représentent « 1/16e de la population mondiale. »
Cette carte offre une vision incomplète de l'impact de cette interdiction. - Capture d'écran Facebook
FAKE OFF
Cette carte est incomplète : d’autres pays que ceux représentés ont aussi des politiques d’incitation à l’électrique. A partir de 2025, les véhicules neufs vendus en Norvège devront être à hydrogène ou électrique. Aux Etats-Unis, il n’y a pas que la Californie qui a prévu de passer à l’électrique : les Etats du New Jersey et de New York vont également franchir ce cap. Au niveau fédéral, le président Joe Biden a annoncé en 2021 un objectif de 50 % de ventes de véhicules électriques en 2030. Comme l’a noté AFP factuel, le Royaume-Uni, Israël Singapour se sont aussi fixés pour objectif en 2030 de mettre en vente des véhicules neufs zéro émission.
En Chine, qui constitue le premier parc automobile chinois, les automobilistes passent déjà à l’électrique. Ces voitures sont les plus vendues dans le segment premium et sont en progression dans les voitures d’entrée de gamme, selon l’agence Reuters.
« Les Européens ont un poids majeur » dans le développement de l’automobile
Par ailleurs, « cette carte fait abstraction de la façon dont s’est développée l’automobile : les Européens ont un poids majeur », rappelle auprès de 20 Minutes Marie Chéron, responsable du suivi des politiques des véhicules pour l’ONG Transport et environnement. La carte « ignore le taux d’équipement des ménages », ajoute-t-elle.
Autre problème posé par ce planisphère, l’absence de prise en compte du poids des émissions de Co2 des Européens ou des Californiens, plus important que celui des pays du Sud. Par personne, les Etats-Unis émettent le plus de Co2 liés au transport par la route dans le monde : près de 4,5 tonnes en 2018, selon des données compilées par Statista et repérées par Vincent Perrier, enseignant-chercheur au sein du Laboratoire de Géologie de Lyon – Terre, Planètes, Environnement, de l’Université Lyon 1 et intervenant dans le cours « Climat et transitions ». Dans l’UE, la moyenne est de 1,7 tonne. Le Canada, l’Arabie saoudite, l’Australie et la Malaisie arrivent derrière les Etats-Unis, avec des émissions comprises entre 4,1 tonnes et 1,9 tonne par personne. La Chine est à 537 kilogrammes et l’Inde 205.
Pour mesurer l’impact de cette mesure d’incitation à l’électrique, il faut aussi regarder comment est produite l’électricité, souligne Vincent Perrier auprès de 20 Minutes. « En Europe, les mix de production d’électricité sont de plus en plus décarbonés », ce qui fait peser la balance vers les véhicules électriques.
Comme en témoigne cette carte trompeuse, la bascule vers des véhicules non thermiques à l’horizon 2035 suscite exagérations et incompréhensions. En décembre, un message viral indiquait ainsi à tort que l’Italie avait décidé de ne pas respecter ce changement. D’ailleurs, la carte trompeuse a aussi circulé sur Facebook avec une légende ironique en italien, signe que les exagérations passent les frontières.
Source: 20 Minutes