Futur avion de chasse européen Scaf : Dassault avertit le ministre des Armées
L'hypothèse d'un élargissement du programme Scaf "à d'autres partenaires" a été évoquée par le ministre Sébastien Lecornu. "Si on me l'impose, je me battrai!", répond le PDG de Dassault Aviation.
Le projet Scaf vise à produire des chasseurs de nouvelle génération, associés à des drones d'appui, connectés dans un "cloud de combat" ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Comment va se développer l'avion de combat européen du futur? Interrogé par la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le PDG de Dassault Aviation a fait le point sur le programme de Système de combat aérien futur (Scaf), mettant en garde face aux tentations d'élargissement à d'autres pays, notamment pour des raisons de répartition des coûts.
"Je ne suis pas très pour l'élargissement rapide, c'est déjà difficile aujourd'hui", a affirmé Eric Trappier devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, à propos du programme développé par la France, l'Allemagne et l'Espagne. L'avion issu du programme Scaf est destiné à remplacer les actuels Rafale de l'armée de l'air française, ainsi que les Eurofighter allemands et espagnols.
"On fait la phase 1B, on obtient un contrat phase 2 avec les mêmes, parce que sinon, on rouvrira tout le partage des tâches" entre les trois pays, a-t-il justifié.
La phase 1B du programme a débuté en début d'année après de nombreux mois de blocages entre industriels représentant les intérêts de Paris, Berlin et Madrid. Elle vise à développer les technologies qui seront embarquées à bord d'un démonstrateur, sorte de pré-prototype, qui doit voler en 2028-2029.
La phase 2, qu'il reste à négocier, prévoit la construction proprement dite du démonstrateur et ses essais en vol. Ces deux phases représentent un investissement total de près de 8 milliards d'euros, selon le ministère français des Armées.
"Si on change tous les cinq ans d'hypothèses, je peux vous dire qu'on va perdre cinq ans tous les cinq ans"
Entendu récemment par les députés de la commission de la Défense sur le projet de loi de programmation militaire, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a jugé nécessaire de "se poser la question de l'élargissement du programme à d'autres partenaires, pourvu que cela présente un intérêt industriel et militaire".
Il l'a notamment justifié par le besoin de réduire les coûts d'un programme estimé à environ 100 milliards d'euros selon les experts.
"J'entends dire qu'on pourrait donner du travail aux sociétés belges tout de suite. Non. Si on me l'impose, je me battrai. Mais je ne vois pas pourquoi je donnerais du travail aux Belges aujourd'hui", a asséné le PDG de Dassault Aviation devant les sénateurs. "Si on change tous les cinq ans d'hypothèses, je peux vous dire qu'on va perdre cinq ans tous les cinq ans", a-t-il ajouté.
Le SCAF, qui doit remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols, doit entrer en service à l'horizon 2040. Pour Eric Trappier, "2040, c'est la date très optimiste".
Source: Boursorama