Pour décarboner le transport, la " voiture populaire ", petite et électrique, au centre des débats

May 25, 2023
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A Lille, le 27 septembre 2022. DENIS CHARLET / AFP

Mercredi 24 mai, les représentants des secteurs les plus émetteurs en gaz à effet de serre (transports et logement) étaient invités au ministère de la transition écologique, boulevard Saint-Germain, à Paris, par le ministre Christophe Béchu, à présenter leur feuille de route pour être neutre en carbone d’ici à 2050. Au même moment, au siège de la CGT, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la Fédération des travailleurs de la métallurgie (FTM) organisait avec les ONG Greenpeace et Réseau Action Climat, un forum automobile consacré au « Droit à la mobilité durable pour tous ».

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Deux salles, deux ambiances… Mais, à la fin, une même question : « C’est quoi la voiture qui correspond bien à notre transition ? », s’est interrogée Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, devant l’absence de proposition sur les petites voitures ou l’allègement des véhicules dans la feuille de route de la Plate-forme automobile (PFA), le lobby des constructeurs. « Nous avons un enjeu de voiture légère et désirable, sommes-nous capables de la produire ? Quand ? En France ? Avec quelle marge ? », a insisté la ministre.

A la CGT, le même sujet était au cœur des débats : « Je travaille chez Valeo, dans le Calvados, explique Denis Bréant, chargé de l’automobile à la FTM. Les salaires nets sont autour de 1 600-1 700 euros par mois. Qui peut s’acheter une Mégane électrique à 43 000 euros ? Il faut fabriquer en France une voiture populaire pour réussir la transition. »

« La pente est raide »

Les constructeurs automobiles n’ignorent pas cette réalité, mais, pour l’instant, ils éludent la question. « En 2022, nous avons vendu 200 000 voitures électriques, a constaté Luc Chatel, président de la PFA. Si nous voulons être sur la bonne trajectoire de réduction d’émissions de CO 2 , il faudrait vendre 5 à 6 millions de voitures par an à l’horizon 2030. La pente est raide. » Il compte sur les flottes automobiles (la moitié des achats de véhicules neufs), sur les aides pour les ménages modestes pour atteindre cet objectif, mais pas un mot sur la voiture à 20 000 euros.

La PFA préfère parler autopartage ou covoiturage pour mieux remplir les voitures onéreuses. Et prévient que la voiture électrique ne fera pas tout : il faudra davantage de report modal ou mieux aménager les villes pour limiter les déplacements si on veut réduire les émissions du transport.

Vu de Montreuil, cette manière d’éviter le sujet du petit véhicule électrique local ne surprend pas. « Les constructeurs ont fait le choix d’une stratégie centrée sur les marges : ils préfèrent vendre moins de véhicules mais plus chers et se concentrent sur la clientèle qui a les moyens d’acheter ces modèles premium », note Pierre Leflaive, responsable transport au sein du Réseau Action Climat. Il regrette que la hausse constante du poids des voitures éclipse l’effet positif des motorisations moins polluantes.

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Source: Le Monde