Au Pakistan, Imran Khan, acculé, dépose les armes

May 25, 2023
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L’ex-premier ministre pakistanais Imran Khan, à Lahore, le 19 mai 2023. K.M. CHAUDARY / AP

Conscient sans doute que le violent face-à-face qui l’oppose au gouvernement et à l’armée tourne à son désavantage, Imran Khan cherche une porte de sortie. L’ancien premier ministre pakistanais a fait une offre de retour au calme, mercredi 24 mai. Dans un message vidéo adressé à ses partisans depuis sa maison de Lahore, il s’est dit prêt à former un comité chargé de mener des pourparlers avec le gouvernement, et éventuellement à renoncer à sa demande d’élections anticipées. « Si [les membres et l’establishment] disent au comité qu’ils ont une solution et que le pays peut être mieux gouverné sans moi, ou s’ils disent au comité que la tenue d’élections en octobre profite au Pakistan, je me retirerai », a déclaré Imran Khan dans un discours sur la chaîne YouTube de son parti.

Depuis un an, il bataillait pour obtenir l’organisation d’élections générales et tenter de reconquérir le pouvoir par les urnes après avoir été défait au Parlement en avril 2022, après le vote d’une motion de défiance. L’ancien capitaine de l’équipe de cricket du Pakistan, 70 ans, sait qu’il a perdu une manche, et peut-être le match contre ses adversaires. L’étau se resserre un peu plus chaque jour autour de lui et de son équipe. Le gouvernement dirigé par Shehbaz Sharif a décapité sa formation, le Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), en arrêtant la totalité des dirigeants et des milliers de partisans. « Le Pakistan vit une répression jamais vue dans l’histoire. Tout le monde a été mis en prison, je ne sais plus qui contacter », a déploré Imran Khan dans son allocution.

Mercredi, le ministre de la défense, Khawaja Asif, avait brandi la menace d’interdire le PTI, l’accusant d’avoir attaqué l’Etat. Le 9 mai, l’arrestation d’Imran Khan par des paramilitaires, alors qu’il était dans l’enceinte d’un tribunal, avait provoqué un mouvement de colère inédit dans la population. Des milliers de partisans étaient descendus dans les rues à travers tout le pays pour protester. Des bâtiments publics et militaires avaient été pris pour cible, sans qu’il soit possible d’établir si les auteurs des violences étaient des fidèles d’Imran Khan ou des provocateurs agissant de manière à décrédibiliser son mouvement. La réponse des autorités à ces débordements a été implacable : le chef de l’armée, le général Munir, a promis de traduire les responsables devant des tribunaux militaires. La police a arrêté 10 000 personnes. Le 12 mai, Imran Khan avait été libéré, sur ordre de la Cour suprême.

« Une guerre d’usure impitoyable »

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Source: Le Monde