Les opposants russes en exil tentent de surmonter leurs divisions pour préparer l’après-Poutine

May 25, 2023
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Mark Feygin (avocat et blogueur, troiisème à gauche), Sergueï Gouriev (docteur en économie, au centre) et Guennadi Goudkov (ancien député, président de l’ONG For Free Russia, troisième à droite) et Mikhaïl Khodorkovski, président du comité antiguerre de la Russie (à droite), lors de la première réunion du Club démocratique russe, à Paris, le 24 mai 2023. NIKITA MOURAVIEFF / LE MONDE

L’opposition russe en exil, divisée, s’efforce de s’unir pour incarner une représentation légitime et se préparer à l’hypothèse d’une situation politique post-Poutine. La première réunion du Club démocratique russe en France s’est tenue mercredi 24 mai à Paris, où de nombreux Russes ont trouvé refuge depuis l’invasion de l’Ukraine. Une trentaine de représentants de l’opposition ont échangé sur les défis vertigineux auxquels ils sont confrontés depuis l’offensive russe, en présence de chercheurs, de militants des droits de l’homme et de députés français. Mikhaïl Khodorkovski, président du comité antiguerre de la Russie, est venu apporter son soutien. « Il y a cent ans, des centaines de milliers de Russes s’étaient déjà retrouvés en exil à cause du pouvoir, a-t-il rappelé. Arrêter cette guerre est l’objectif qui nous réunit tous. »

L’exemple de la cheffe de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa, est cité à plusieurs reprises. « Elle a été reconnue par beaucoup comme présidente élue, dit Mark Feygin, célèbre avocat et blogueur. Nous, on peut créer une force active, dire ouvertement que la Crimée appartient à l’Ukraine – une position peu populaire en Russie –, qu’il faut prévoir des compensations pour les Ukrainiens et avoir des relations avec l’Occident. C’est urgent, car nous avons frôlé une guerre nucléaire. »

La lutte contre la propagande, le sort des prisonniers politiques et celui des centaines de milliers de Russes poussés à l’exil depuis l’invasion et la mobilisation militaire sont eux aussi soulevés. Parmi ces exilés, « il y a beaucoup de suicides, de familles détruites, des tendances à l’alcoolisme et à l’usage de drogue », explique au Monde Guennadi Goudkov, ancien député de la Douma et président de l’ONG For Free Russia.

Pas de signature de Navalny

Cette réunion n’est pas la première du genre. La fondation Russie-Libertés, présente mercredi, en organise déjà régulièrement. Mais ce Club démocratique russe en France se veut beaucoup plus large. « L’objectif est de créer une plate-forme informelle pour structurer et coordonner toutes les forces démocratiques russes, car leur rôle sera essentiel pour reconstruire une Russie démocratique après la guerre », affirme M. Goudkov, l’une des figures politiques à l’origine de la création du club. Le défi est de taille tant l’opposition, minée par des batailles permanentes, peine à parler d’une seule voix. « L’obstacle principal est lié aux ambitions personnelles, mais, sur le fond, on n’a presque pas de divergences politiques », tente-t-il de rassurer.

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Source: Le Monde