Quatre questions pour comprendre Chavouot, la Pentecôte juive

May 25, 2023
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Des Samaritains prient au sommet du mont Gerizim près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, pour célébrer la fête de Chavouot à l’aube du 28 juin 2020. JAAFAR ASHTIYEH / AFP

Chavouot, aussi appelée Pentecôte, plonge aux sources même de l’histoire du peuple juif, puisqu’elle commémore le don de la Torah au mont Sinaï, tout en gardant le souvenir de très anciennes cérémonies agricoles des Hébreux de l’Antiquité. Origine, significations, calendrier, célébrations… Voici quatre questions pour comprendre cette fête majeure du judaïsme.

Quelle est l’origine de Chavouot ?

Chavouot est l’une des trois grandes fêtes de pèlerinage que compte la religion juive, avec Pessah – la Pâque – et Soukkot – la fête des Cabanes. Avant que le Temple de Jérusalem ne soit détruit par les Romains en l’an 70, les juifs de Judée et d’ailleurs avaient pour coutume de se rendre trois fois par an dans la ville pour effectuer des offrandes à leur Dieu.

Ces trois dates festives s’inscrivaient dans un calendrier agraire : la Pâque correspond au début du printemps et aux toutes premières moissons de l’orge, la Pentecôte à celles du blé nouveau et des prémices (les premiers fruits), tandis que la fête des Cabanes annonce le temps des grandes récoltes d’automne. Après la destruction du Temple suivie de l’exil hors de Judée, le lien du peuple juif avec ses coutumes paysannes se distendit dans les faits, tout en persistant dans ses textes.

Quel est le (double) sens de Chavouot ?

Dans l’Antiquité, une controverse opposait les rabbins pharisiens aux sadducéens (et plus tard aux Samaritains et aux karaïtes), lesquels refusaient les interprétations et les lois du Talmud et se limitaient à une observance simple des préceptes bibliques.

Les sadducéens considéraient Chavouot comme une seule fête agricole, tandis que les pharisiens la liaient au don de la Torah. Le judaïsme actuel étant entièrement issu du courant rabbinique (et donc d’inspiration pharisienne), la fête commémore avant tout la transmission divine de la Loi sur le mont Sinaï, sans oublier les origines agricoles de Chavouot.

A l’époque du Temple, un cortège d’agriculteurs montait joyeusement à Jérusalem pour y faire l’offrande de leurs prémices. Aujourd’hui, les synagogues sont pour l’occasion souvent décorées de plantes et de fleurs, de blanc et de vert. Au matin de la fête, hommes, femmes et, surtout, enfants se pressent pour entendre le décalogue, la lecture des Dix Commandements, et renouveler ainsi année après année l’alliance de leur peuple avec Dieu, conclue lors du don de la Torah.

Comment comprendre sa place dans le calendrier ?

La date de Chavouot est fixée aux 6 et 7 du mois hébraïque de « sivan ». La fête dure deux jours en diaspora (un seul en terre d’Israël). Cette date fut déduite par les rabbins de leur lecture de la Bible (Deutéronome 5, 24), qui prescrit de compter sept semaines à partir du lendemain de la première offrande d’orge, laquelle avait lieu le premier jour de Pessah.

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Source: Le Monde