Neuralink : que sait-on du projet d’implant cérébral d’Elon Musk, bientôt testé sur l’homme ?
Qui sera le premier à passer sous le bistouri de Neuralink ? Pendant qu’Elon Musk était occupé à reprendre les rênes de Twitter, une autre de ses sociétés californiennes fignolait un implant cérébral connecté. Des mois de travail qui ont fini par payer : Neuralink a annoncé jeudi 25 mai avoir reçu le feu vert des autorités sanitaires américaines pour un premier essai clinique sur l’homme.
En quoi consiste cet accord ?
« C’est un premier pas important qui permettra un jour à notre technologie d’aider de nombreuses personnes », s’est réjouie l’entreprise, qui n’a pas précisé les objectifs de l’étude, indiquant seulement qu’elle ne recrutait pas encore et que plus de détails seraient bientôt donnés.
Ce vendredi, la Food and Drug Administration (FDA) n’avait encore fait aucun commentaire sur son accord. Selon Reuters, l’autorité sanitaire avait refusé l’an dernier une première demande de Neuralink et avait signalé à la firme plusieurs préoccupations devant être résolues pour qu’un essai sur l’homme soit accepté.
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« Quel type d’accord a obtenu Neuralink ? » s’interroge la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur. « Il existe plusieurs catégories juridiques d’autorisations et certaines sont plus limitées que d’autres », rappelle la spécialiste.
À quoi servirait cet implant ?
En décembre, Neuralink avait déjà lancé un registre de patients afin de vérifier l’éligibilité de candidats à un potentiel essai clinique. Les profils recherchés étaient des adultes américains souffrant « de tétraplégie, paraplégie, perte de vision, perte auditive et/ou d’incapacité de parler ». L’objectif premier de l’implant Neuralink est de permettre à des personnes paralysées ou souffrant de maladies neurologiques d’interagir avec leur environnement en utilisant des appareils numériques. L’autre objectif consiste à restaurer la vision chez des personnes aveugles.
Les ambitions de Neuralink dépassent le domaine médical. À terme, le but de l’implant est de doter le cerveau de n’importe quel humain (prêt à débourser des milliers de dollars) d’une puissance informatique. Pour Elon Musk, qui craint que des systèmes d’intelligence artificielle ne prennent un jour le contrôle, ces dispositifs cérébraux doivent justement permettre à l’homme de ne pas se laisser distancer par les ordinateurs en améliorant ses capacités cognitives.
Comment ça marche ?
Avec ses 23 mm de diamètre et 8 mm d’épaisseur, l’implant Neuralink est relativement gros. Il est constitué d’une batterie qui peut se recharger sans fil à l’aide d’un autre appareil relié au secteur et placé à proximité. Il est composé de 1024 électrodes réparties sur 64 fils « ultra-flexibles et ultra-fins », détaille l’entreprise californienne. Ces mini-fils sont censés enregistrer l’activité neuronale pour la transmettre à un appareil comme un ordinateur ou un téléphone.
Neuralink vise également à révolutionner la chirurgie. L’entreprise a conçu un robot aux allures de machine à coudre capable d’insérer l’implant dans le crâne du patient. Avec son aiguille plus fine qu’un cheveu humain, le robot doit ensuite coudre les fils microscopiques de la puce dans le tissu cérébral, tout en évitant les vaisseaux sanguins. D‘après Elon Musk, l’opération réalisée sans anesthésie générale ne prendrait pas plus d’une heure.
Quels résultats ont déjà été obtenus ?
Après avoir inséré le dispositif avec succès sur des porcs, la start-up avait annoncé en 2021 avoir implanté sa puce chez un singe et montré, vidéo à l’appui, que l’animal pouvait désormais jouer au jeu vidéo d’arcade Pong grâce à la pensée. D’autres singes dotés de l’implant ont aussi pu « taper » des mots sur un ordinateur, simplement en suivant des yeux le mouvement du curseur à l’écran.
Ces résultats préliminaires restent toutefois « bien loin des objectifs affichés par Elon Musk pour pallier les handicaps chez les humains », souligne Catherine Vidal. Plusieurs controverses ont par ailleurs émaillé le parcours de Neuralink. L’entreprise fait notamment l’objet d’une enquête pour d’éventuelles violations du bien-être animal. L’opération chirurgicale pose aussi question. « Même des interventions très précises » peuvent provoquer des « hémorragies dans des microvaisseaux » et « des courants épileptiques qui vont détruire des neurones », prévient la neurobiologiste.
Y a-t-il des concurrents ?
Neuralink suscite une forte attention médiatique en raison de son célèbre fondateur, mais d’autres entreprises travaillent sur le contrôle des ordinateurs par la pensée.
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Source: Le Parisien