Présidentielle en Turquie: dernière ligne droite pour Kiliçdaroglu et Erdogan

RFI
May 27, 2023
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Le président sortant Recep Tayyip Erdogan est arrivé largement en tête au premier tour et les sondages lui donnent pour demain 2 millions de voix d'avance. Mais son adversaire Kemal Kiliçdaroglu tente d'inverser la tendance jusque dans la dernière ligne droite.

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Recep Tayyip Erdogan sera à Istanbul ce samedi 27 mai pour des rassemblements dans plusieurs arrondissements, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Kemal Kiliçdaroglu, lui, termine sa campagne à Ankara, la capitale, par une rencontre avec des familles à faible revenu, au cours de laquelle il devrait parler de son programme économique. L'opposition avait mis l'économie au cœur de sa campagne avant le premier tour. Mais ce sujet, qui touche au plus près le quotidien des Turcs, a été mis de côté dans l'entre-deux-tours.

Kemal Kiliçdaroglu a passé les deux dernières semaines à stigmatiser les réfugiés syriens pour dénoncer la politique migratoire de Recep Tayyip Erdogan et à jouer la surenchère nationaliste.

Un montage polémique

Dans cette deuxième campagne, Kemal Kiliçdaroglu a aussi fréquemment invectivé, le chef de l'État, chose qu'il avait sciemment évité de faire avant le premier tour. Vendredi, il l'a qualifié de menteur qui « s'étouffe dans le péché et la saleté ». Ils s'en prenaient à une vidéo montée de toute pièce que Recep Tayyip Erdogan a utilisé pendant des semaines pour décrédibiliser son rival.

Une intox qui visait à faire croire que Kemal Kiliçdaroglu faisait cause commune avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé classé terroriste. Cette semaine, Recep Tayyip Erdogan a fini par reconnaître à demi-mot qu'il s'agissait d'un montage.

« Il a admis lors d’une émission de télévision sur la chaîne publique qu’il s’agissait d’un montage, a lancé Kemal Kiliçdaroglu. Si c’est un montage, pourquoi tu le montres à des milliers de personnes ? Pour quelqu’un qui s’est battu toute sa vie contre le terrorisme, comment peut-on tenir des propos aussi faux, immoraux, si médiocres ? Nous n’avons jamais assisté à un tel niveau de diffamation et de médiocrité ! »

En dehors des risques intox, depuis le début de la campagne électorale, la chaîne de télévision publique TRT aurait consacré 48h d’antenne à Recep Tayyip Erdogan contre 32 minutes pour son principal adversaire, pointe notre correspondante à Istanbul, Céline Pierre-Magnani.

Alors que les heures sont désormais comptées pour les deux camps à quelques heures du second tour de la présidentielle, la majorité obtenue par la coalition au pouvoir au Parlement pourrait suffire à convaincre les indécis. Voter Recep Tayyip Erdogan apparaît aujourd’hui comme la seule solution pour éviter l’instabilité au plus haut sommet de l’État.

Mobilisation de l'opposition pour sécuriser les résultats du vote Au premier tour, Kemal Kiliçdaroglu avait appelé ses électeurs à rentrer chez eux après avoir voté, rappelle notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Une erreur selon Ahmet Kiraz, avocat et représentant du CHP, le parti de Kemal Kiliçdaroglu. « Nos membres de bureaux de vote, nos observateurs, nos avocats se sont retrouvés tout seuls face à des groupes de dizaines de personnes organisées par l’AKP, le parti au pouvoir, dans chaque bureau de vote. Cette pression a fait que nos observateurs, nos membres de bureau de vote ont dû céder à plusieurs reprises face à des situations où des votes pour l’opposition ont été invalidés, où des votes pour Erdogan qui étaient invalides ont été validés… Ils ont cédé systématiquement. » Cette fois, Kemal Kiliçdaroglu a réclamé la présence d’au moins cinq membres de l’opposition dans chaque bureau de vote. Pour Ahmet Kiraz, chargé de la sécurité électorale dans la deuxième circonscription d’Istanbul, c’est possible : « Des centaines de personnes m’ont appelé pour déclarer qu’elles souhaitent être membre de bureau de vote, qu’elles souhaitent être observateur, des avocats qui souhaitent surveiller… Et ça, c'est général partout. Nous pensons que la mobilisation qui n’a pas eu lieu au premier tour aura finalement lieu au deuxième tour. » L’opposition a d’autant plus besoin de cette mobilisation qu’au premier tour, Kemal Kiliçdaroglu a obtenu deux millions 600 000 voix de moins que Recep Tayyip Erdogan.

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Source: RFI