A la veille du scrutin, Erdogan s'incline sur la tombe de son modèle en politique

May 27, 2023
63 views

C’est un symbole qu’a choisi ce samedi Recep Tayyip Erdogan. A la veille du second tour de la présidentielle en Turquie, le chef de l’Etat a choisi de s’incliner samedi sur la tombe de son modèle en politique, un nationaliste-islamiste pendu par les militaires.

Adnan Menderes, une figure emblématique pour la droite conservatrice turque, avait mis fin en 1950 au règne du CHP laïque de Mustafa Kemal Atatürk, le père de la Turquie moderne. Il avait fait de l’islam un outil politique, rétablissant l’appel à la prière en arabe et rouvrant des milliers de mosquées fermées. C’est ce modèle politique qui a inspiré à Recep Tayyip Erdogan la création du parti AKP islamo-conservateur, lequel a accompagné son ascension.

Le président sortant, 69 ans, est donné favori malgré vingt ans de pouvoir face à son adversaire, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans. Le président sortant, donné usé et affaibli par la crise économique et le séisme du 6 février, a créé la surprise en obtenant 49,5 % des voix le 14 mai, contre 44,9 % pour son rival.

Depuis, Kemal Kiliçdaroglu, à la tête d’une coalition de six partis, de la droite nationaliste au centre gauche, a tenté de mobiliser ses troupes jusqu’au bout, en particulier sur sa droite. Ses partisans ont essaimé dans les rues des grandes villes pour appeler au vote et tenter de séduire les jeunes et les femmes au foyer, traditionnellement acquises à Recep Tayyip Erdogan.

Mais à la différence du président sortant, omniprésent sur les estrades et à la télévision, Kemal Kiliçdaroglu a dû batailler dur pour se faire entendre. Selon l’organisation Reporters sans frontières, la télévision publique TRT a accordé « soixante fois plus de temps d’antenne » au président sortant qu’à son rival pendant la campagne.

Sur la chaîne de télévision turque Fox, Kemal Kiliçdaroglu a dénoncé vendredi le blocage de ses SMS de campagne par l’autorité de régulation des télécommunications, accusant le camp du président de « chercher par tous les moyens à rester au pouvoir ».

Simultanément, le chef de l’Etat accusait sur TRT « les médias occidentaux de toujours chercher à fabriquer de fausses nouvelles ». L’arithmétique lui est néanmoins favorable après le ralliement du troisième homme du premier tour, Sinan Ogan, un ultranationaliste qui avait recueilli 5,2 % des suffrages.

En face, Kemal Kiliçdaroglu, un économiste de formation et ancien haut fonctionnaire, a joué l’apaisement auprès d’un électorat assommé par l’inflation. Le candidat a toutefois musclé son discours dans l’entre-deux tours, répétant d’un ton inhabituellement ferme qu’il renverrait « dans les deux ans » les 3,4 millions de Syriens ayant trouvé refuge en Turquie.

Le parti prokurde HDP lui a réitéré son soutien sans conditions, malgré le rapprochement de Kemal Kiliçdaroglu avec un micro-parti ultranationaliste et xénophobe.

Les bureaux de vote seront ouverts dimanche de 08h à 17h et les premiers résultats sont attendus pour le début de soirée.

Source: 20 Minutes