"Après, ce sera trop tard" : au salon ChangeNOW à Paris, des entrepreneurs présentent des solutions pour lutter contre la pollution plastique
Un sommet international visant à trouver un accord pour lutter contre la pollution plastique se tient à Paris, au siège de l'Unesco. À quelques centaines de mètres, au Grand Palais éphémère, des entreprises du monde entier présentent des solutions écoresponsables.
Au salon ChangeNOW qui se tient au Grand Palais éphémère dans le 7e arrondissement de Paris, chacun y va de sa solution pour lutter contre la pollution plastique. Rémi Allain a conçu un système pour récupérer les déchets plastiques en mer. Tout est parti d'un constat : "Année après année, je me suis rendu compte de la pollution plastique. J'ai aussi eu l'occasion d'avoir quelques boulettes de pétrole sous ma combinaison de nage. Donc, je me suis dit qu'il fallait trouver une solution."
>>> La pollution plastique des océans du globe a atteint des "niveaux sans précédent", selon une étude
Cet ingénieur maritime de formation, qui se définit comme un "gars de la mer", s'est intéressé il y a trois ans aux bateaux de dépollution maritime. Mais il a constaté qu'ils ne pouvaient pas ratisser très large. Après plusieurs essais, il a créé et breveté V2O Marine, un système d'entonnoir en forme de Y pour récupérer la pollution marine. "On a construit un modèle de onze mètres qu'on a tracté au large de Marseille et qui a très bien marché", se réjouit Rémi Allain. Face à ce succès, la start-up envisage la construction d'un système d'une trentaine de mètres de large. "À terme, on va atteindre jusqu'à 60 mètres !", anticipe Rémi Allain.
VO2 Marine, un système de dépollution marine au salon Change Now, à Paris, le 29 mai. (MÉLANIE KUSZELEWICZ - FRANCEINFO)
Avec ce système, l'entreprise traite différents types de pollution marine : hydrocarbures, déchets plastiques. "Et aussi les algues toxiques, notamment les sargasses, que l'on rencontre dans les Caraïbes", ajoute Rémi Allain. Mais le président-fondateur de V2O Marine a parfaitement conscience que cela ne suffira pas à dépolluer l'ensemble des mers et océans. "La pollution est présente partout et cela va empirer. Donc, on propose une solution qui permet de cibler des endroits où il y a une forte concentration de pollution".
Le chef d'entreprise démarche actuellement des grands ports français pour commercialiser son système. Car, insiste-t-il, il y a urgence. "La pollution plastique, c’est la deuxième menace, selon moi, derrière le changement climatique."
"Il faut absolument prendre ce problème à bras-le-corps, parce qu’après, ce sera trop tard. La pollution plastique va devenir une menace de plus en plus prégnante pour l’humanité. " Rémi Allain franceinfo
460 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. Ce chiffre a doublé en 20 ans et pourrait tripler d'ici 2060, si aucune mesure n'est prise. Marc Dib s'est fixé pour objectif de limiter la production de ce matériau polluant. "Une tonne de plastique brûlé, c'est trois tonnes de carbone dans l'atmosphère", souligne le fondateur de Neolitik. Son entreprise a donc pour vocation de recycler et de valoriser le plastique pour fabriquer (avec aussi des granulats recyclés) "EcoLithe", un nouveau matériau pour remplacer le béton, responsable, à lui tout seul, de 7% des émissions globales de gaz à effet de serre.
Le très long chemin vers le recyclage du plastique
Les deux-tiers de la production mondiale partent au rebut après une seule ou quelques utilisations et moins de 10% des déchets plastiques sont recyclés, plus ou moins difficilement : à peine 3% pour les pots de yaourt, 60% pour les bouteilles en plastique.
>>> Environnement : "Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans", alerte Christophe Béchu
Pour inciter davantage les Français à recycler, l'entreprise B:bot a installé, dans près de 200 supermarchés en France, des machines qui collectent et broient les bouteilles en plastique. En échange, l'utilisateur reçoit un centime d'euro par contenant. "Un modèle vertueux", argue l'entreprise puisque les industriels de la boisson cherchent et "manquent désespérément de matière issue du recyclage", et qui permet "de limiter notre consommation de pétrole", nécessaire pour fabriquer du plastique.
Clara Ciliberti, business developer chez B:bot qui collecte et broie les bouteilles plastiques dans les supermarchés au salon Change Now, à Paris, le 29 mai. (MÉLANIE KUSZELEWICZ - FRANCEINFO)
Mais le mieux est de ne pas utiliser de bouteilles en plastique, ajoute Ocea Arrigoni de The way you drink (Twyd). L'entreprise installe des fontaines à eau dans des établissements recevant du public. "On a constaté qu'il y avait un réel problème quand les gens étaient équipés de gourdes : ils avaient du mal à les remplir, elles ne passaient pas sous les lavabos des toilettes et finalement ils se retrouvaient à devoir à acheter des bouteilles en plastique", explique-t-elle.
Le concept séduit Muriel, visiteuse du salon ChangeNOW. Elle regrette néanmoins que la prise de conscience ait pris autant de temps. "Il n'y a pas encore si longtemps, même dans les entreprises, on n'avait pas accès à de l'eau gratuite dans une fontaine. Chacun amenait sa bouteille plastique."
"Mes parents ont connu l'arrivée du plastique. Des campagnes de pub disaient 'le plastique c'est fantastique'". Muriel franceinfo
Longtemps plébiscité, le plastique à des conséquences néfastes sur l'environnement. Les microplastiques sont présents partout, notamment dans les eaux rejetées par l'industrie et dans les eaux usées des municipalités. C'est ce à quoi s'attaque Wasser 3.O, un organisme allemand à but non-lucratif. "Nous utilisons un produit chimique qui permet d'agglomérer les microplastiques. Cela forme des particules plus larges qui remontent à la surface et peuvent être ensuite retirées", explique Katrin Schuhen, sa fondatrice. Ces particules de plastiques sont ensuite recyclées et réutilisées dans de nouveaux produits et l'eau peut être réutilisée. La solution semble charmer les industries qui veulent se donner une image plus verte. Aujourd'hui, l'organisme a des clients en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et en Grèce.
Source: franceinfo