Quelle langue Jésus parlait-il?
Né dans une famille juive de Galilée, le Christ voulait être compris des foules qui venaient écouter ses enseignements. Dans quelle langue s’exprimait-il?
«Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création» (Marc 16.15-18), aurait dit Jésus à ses disciples. Ce après les avoir quittés et promis de leur transmettre la force de l’Esprit-Saint. Quand vint l’arrivée sur Terre de l’esprit de Dieu - ce que célèbre la Pentecôte -, les douze apôtres purent, à Jérusalem, témoigner publiquement de Jésus dans différentes langues. Mais quelle langue parlaient-ils avec le Christ?
Né dans une famille juive de Galilée (au nord d’Israël), Jésus a été élevé dans la religion juive. Une religion qui repose sur les écrits de la Bible hébraïque (l’Ancien Testament pour les chrétiens), rédigée en hébreu. Ainsi que l’explique Jean Sellier dans Une histoire des langues et des peuples qui les parlent (La Découverte), cette langue appartient au groupe sémitique, qui date de la seconde moitié du troisième millénaire avant J.-C.
À lire aussi«Noël», «Jésus»: pourquoi ces mots disparaissent au moment de... Noël
Parlée par les Hébreux de la région de Canaan (réunissant Israël, la Palestine, l’ouest de la Jordanie, le Liban et l’ouest de la Syrie), elle fut en usage jusqu’à l’exil à Babylone de l’élite juive de Jérusalem et du royaume de Juda (586-538 av. JC). Le roi néobabylonien Nabuchodonosor II fit alors de Judée une province vassale de son empire. Ce jusqu’à la prise de Babylone par les Perses, qui autorisèrent les Juifs («membres de la tribu de Juda») à rentrer dans leur pays d’origine.
Christ polyglotte
À l’époque de Jésus, les Juifs ont définitivement adopté l’araméen, autre langue sémitique née à l’aube de l’âge de fer - dont le nom désigne à l’origine un peuple du désert de l’actuelle Syrie, selon le Trésor de la langue française . Dans la Palestine d’alors, on parle donc l’araméen. Les Evangiles le montrent. Rédigées en grec (devenu la langue écrite à partir de la conquête de l’Empire perse par Alexandre le Grand, en 334 avant J.-C.), ces récits bibliques citent le Christ dans sa langue. Dans le récit de la Passion, raconté dans l’Évangile de Matthieu, on peut lire: «Eloï, Eloï, lama sabachthani?» (27.46). Autrement dit: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?», comme le criait Jésus depuis sa croix. De même, «talitha koum» («petite fille, lève-toi!») a-t-il un jour dit à la fille de Jaïre avant de lui rendre la vie.
Jésus redonne vie à la fille de Jaïre et lui dit «talitha koum». Illustration de 1906. www.bridgemanimages.com/Bridgeman Images
Parce que le Christ voulait être compris des foules qui venaient l’écouter, ses enseignements étaient donnés en araméen, parlé par un nombre important de peuples du Moyen-Orient. Toutefois, l’hébreu ayant subsisté dans la liturgie, il parlait également cette langue. On le vit ainsi lire et commenter le texte du livre d’Esaïe (Luc 4.16-17) dans la synagogue de Nazareth.
De nos jours, l’araméen est une langue encore utilisée dans les liturgies de plusieurs communautés chrétiennes du Moyen-Orient, comme les Chaldéens, les Syriaques miaphysites, les Syriaques catholiques et les Maronites.
Source: Le Figaro