Roland-Garros 2023 : Alizé Cornet, une sortie prématurée et des doutes sur la suite

May 28, 2023
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Alizé Cornet lors de son premier tour à Roland-Garros, dimanche 28 mai 2023. THOMAS SAMSON / AFP

Reverra-t-on Alizé Cornet à Roland-Garros ? Entrée sur un court Philippe-Chatrier aux tribunes dégarnies, la Française a lutté… mais a fini par céder face à l’Italienne Camila Giorgi (37ᵉ joueuse mondiale), dimanche 28 mai, au premier tour du Grand Chelem parisien (6-3, 6-4 en 1 heure 42 minutes).

« Ce n’était pas du grand tennis de ma part et elle a fait son match. Le public m’a poussée, mais ce n’était pas suffisant », a-t-elle réagi, déçue, en conférence de presse, avant d’ajouter qu’elle « ne [savait] pas » si elle disputera un 20ᵉ Roland-Garros l’an prochain.

Si entre Alizé Cornet et le tournoi de la Porte d’Auteuil, ce n’est pas l’amour fou – son meilleur résultat est un huitième de finale, en 2017 –, ça reste une histoire qui dure. Le public parisien l’a découverte en 2005, année où elle avait remporté son premier match sur la terre battue des Internationaux de France.

Depuis, la Niçoise n’a pas manqué une édition. Championne de la longévité, ce Roland-Garros représentait sa 65ᵉ participation de rang en Grand Chelem ; c’est un record, qu’elle détient depuis l’US Open 2022.

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« C’est l’amour du jeu qui m’a fait tenir aussi longtemps »

« Elle a toujours envie de jouer, de s’entraîner au quotidien et de faire les efforts, fait valoir Marion Bartoli, vainqueure de Wimbledon en 2013 et consultante pour Prime Video. Ça ne me surprend pas et je trouve ça vraiment admirable. »

A 33 ans, la joueuse pense pourtant à la retraite depuis un moment déjà, sans se donner de date butoir. L’an dernier, entre lassitude et usure mentale, le sujet était revenu plusieurs fois sur la table. Elle s’était finalement rengagée pour au moins douze mois.

« Je trouvais ça dommage d’arrêter alors que j’avais un classement aussi bon [elle a fini la saison 31ᵉ], la saison m’avait donné beaucoup d’émotions positives », a expliqué au Monde la Française, rencontrée lors du trophée Clarins de 2023, au Lagardère Paris Racing, deux semaines avant Roland-Garros.

Désormais 62ᵉ mondiale, la Niçoise n’arrive plus à se projeter. « Amélie [Mauresmo, directrice du tournoi] m’a demandé s’il fallait préparer une cérémonie. Je lui ai dit de ne pas en faire une, car je ne suis pas sûre », confie-t-elle.

Son doute est d’autant plus compréhensible qu’en 2022 Alizé Cornet n’a cessé d’étonner son monde. Alors 61ᵉ mondiale, elle se qualifiait pour la première fois en quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à l’Open d’Australie. Elle créait ensuite la sensation, au troisième tour de Wimbledon, en mettant fin à l’incroyable série de trente-sept victoires de rang d’Iga Swiatek, puis elle répondait encore présente à l’US Open en éliminant la tenante du titre, Emma Raducanu, d’entrée. En août, elle avait également franchi le cap des cinq cents victoires en carrière.

« Elle arrive à la quintessence de ce qu’elle peut faire, résume son amie et ancienne joueuse Camille Pin, consultante sur Prime Video. Elle a été forte très jeune, et derrière elle a dû travailler sur des choses qui la freinaient. Plus on vieillit et plus tout paraît simple. »

Faire et défaire ses sacs quasiment chaque semaine pour aller de pays en pays, être seule face à la pression des matchs, maintenir la même rigueur et discipline – sur le court et en dehors –, telle est la routine de la Française depuis dix-huit ans. « Je pense que c’est l’amour du jeu qui m’a fait tenir tout ce temps », analyse-t-elle avec le recul.

« J’arrêterai lorsque je ne pourrai plus tenir ce rythme et que l’envie de vivre mes plus belles années de manière sereine prendra le dessus », poursuit-elle.

Prendre du plaisir

En attendant, Alizé Cornet essaie de vivre davantage au jour le jour. Fini, la course aux titres et au classement – des objectifs qui l’ont « bouffée » tout au long de sa carrière –, c’est désormais du match après match : « Chaque victoire, je prends, je suis contente ; les défaites, j’évacue en dix minutes et c’est super agréable, moi qui pleurais pendant des heures après un match à l’époque. » La Française l’assume, tout ce qu’elle souhaite, c’est prendre du plaisir.

Sa programmation se fait donc un peu plus « à la carte ». En février, tout comme en mars, elle n’a disputé qu’un seul tournoi. A l’inverse, elle choisit de jouer chaque semaine lors de la tournée sur terre battue. « Maintenant, j’y vais à l’instinct. Je n’hésite plus à faire l’impasse sur certains tournois parce que, sans envie, je vais dans le mur », explique-t-elle.

Alizé Cornet arrivait porte d’Auteuil sans garantie : elle avait dû attendre avril et Charleston (Etats-Unis) pour remporter un match en 2023. Elle ne compte pour l’heure que cinq victoires, après avoir mis fin à sa saison 2022 précocement, « éreintée ».

La Française l’assure, elle ira jusqu’au bout de l’année. « Il y a des échéances qui me font envie comme la Hopman Cup, dans mon club à Nice, et l’US Open. » Après, seulement, il sera temps de faire le point.

Source: Le Monde