Marché : En Bourse, les petites entreprises cotées souffrent du désamour des investisseurs

May 28, 2023
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(BFM Bourse) - Contrairement au CAC 40 qui a bénéficié de la grande forme des valeurs du luxe, l'indice CAC Small est à la peine. Les petites et moyennes capitalisations éprouvent des difficultés à se démarquer dans un environnement économique complexe.

Les petites entreprises cotées à la Bourse de Paris peinent à attirer des investisseurs depuis plusieurs années car elles sont souvent jugées trop risqués et moins solides que des multinationales face aux crises.

Sur le devant de la scène boursière, tout va pour le mieux à la Bourse de Paris: porté par ses valeurs du luxe, l'indice vedette CAC 40 progresse de plus de 10% depuis le début de l'année et vole de record en record. L'ambiance est moins joyeuse à l'écart des projecteurs, pour les plus petites entreprises: depuis le début de l'année, l'indice CAC Small, qui regroupe près de 115 entreprises, n'avance que de 1%.

Et la tendance s'ancre: cet indice qui intègre des entreprises petites et moyennes a fait moins bien que le CAC 40 cinq fois sur les six dernières années. Entre 2000 et 2017, cela n'avait été le cas que trois fois.

La définition d'une petite valeur en Bourse est variable selon les investisseurs. Certains les placent à moins de 500 millions d'euros de valorisation boursière, d'autres à moins de cinq milliards d'euros.

Un brutal retour sur terre

Certaines entreprises qui avaient le vent en poupe, comme dans les secteurs des biotechs ou des énergies vertes, ont aussi subi un brutal retour sur terre depuis leur envolée post-confinement. Par exemple, le titre du spécialiste des équipements de production et distribution d'hydrogène McPhy Energy est passé de 3 euros fin 2019 à plus de 35 euros début 2021, avant de retomber à 9 euros désormais.

Historiquement, les petites entreprises peuvent intéresser les investisseurs "car elles sont à un stade de maturité moins avancé et ont donc une plus forte croissance", explique Annabelle Vinatier, gérante spécialisée de Lazard Frères Gestion.

Investir dans ces sociétés est potentiellement plus rentable, mais aussi plus risqué car leur activité n'est pas aussi diversifiée que celle d'une grosse multinationale et est plus vulnérable en cas d'aléas. Cette caractéristique peut poser problème, "notamment en cas de crise généralisée, comme pendant le Covid-19", souligne Alan Edington, responsable des investissements chez Walter Scott.

Une forte décollecte

Surtout, dans les marchés, entre l'inflation, la guerre en Ukraine et la hausse des taux "il n'y a plus d'appétit pour le risque", et les investisseurs préférèrent se tourner vers des entreprises plus matures et plus liquides (dont les actions s'achètent et se vendent plus facilement), relate Benjamin Rousseau, gérant chez Edmond de Rothschild AM.

Résultat, l'argent dirigé vers les petites entreprises diminuent, avec neuf milliards d'euros de flux sortants nets depuis septembre 2017 sur les petites entreprises en France, selon le gestionnaire d'actifs Kirao.

Cette tendance est accentuée par la montée en puissance de la gestion passive, qui consiste pour certains investisseurs à répliquer simplement l'évolution d'un indice ou d'un panier de titres. Cette pratique est moins concentrée sur les petites valeurs dont il est plus difficile de répliquer le cours, complète Saad Benlamine, de Kirao.

Miser sur les OPA

Mais les gérants de fonds espèrent un retour de balancier favorable. "Beaucoup d'entreprises ont des carnets de commandes élevés, une forte visibilité" sans que cela ne se ressente sur le cours en Bourse, et la saison des résultats financiers a été bonne, assure Mme Vinatier.

Les investisseurs peuvent essayer de miser sur les entreprises qui font faire l'objet d'une OPA en vue, avec des rachats à un prix bien plus haut que le cours du marché. Fin avril, la coopérative agricole Limagrain, actionnaire majoritaire du quatrième semencier mondial Vilmorin, a lancé une OPA en vue de sortir l'entreprise du marché pour un prix supérieur de 45% à celui du cours la veille de l'annonce.

(Avec AFP)

Source: BFM Bourse