Avec les clients du premier TEDi de France, le nouveau concurrent d’Action : " Les prix sont imbattables "
L’ouverture du premier magasin discount allemand TEDi en France. Voilà plusieurs jours qu’elles attendaient, en parlaient, impatientes, avec leurs voisines. Ce mercredi 26 avril au matin, Charlène, la trentaine, et sa maman, ont mis leur réveil pour être d’attaque dès l’ouverture, à 9 heures, au centre commercial Carrefour Grand Évreux (Eure). Cinquante minutes plus tard, elles en ressortent « ravies », les sacs débordant de faux ongles, tee-shirts et autres paillettes à coller.
« Bien sûr, on va régulièrement chez Action, mais c’est souvent la même chose », déroule Charlène, qui travaille comme polyvalente dans une école primaire. « Ici, que ce soient les bougies ou les jeux pour enfants, l’assortiment est beaucoup plus large, apprécie-t-elle. Surtout beaucoup d’articles sont à un ou deux euros. »
« Un franc succès »
À 9 heures pétantes, pourtant, l’inauguration avait petitement commencé. En dépit de la mascotte (un ours, comme le logo de l’enseigne), qui paradait à l’accueil sous une farandole de ballons, les clients semblaient n’entrer qu’au compte-gouttes. Deux heures plus tard, les 900 m2 du magasin étaient bondés, et les files d’attente s’allongeaient devant les caisses.
Après avoir déambulé dans les rayons, les clients se sont enchaînés à la caisse dotés d'une sélection de produits pas chers. LP/Enzo Sultan
Pari réussi pour le groupe allemand, donc, qui a lancé le premier TEDi outre Rhin en 2004 et, après avoir connu un succès fulgurant, compte désormais 2 800 magasins éparpillés dans dix pays européens. Dans cette entreprise très fermée en termes de communication, tout juste le directeur France, venu incognito, consent-il que « pour une ouverture quasiment sans publicité, c’est un franc succès ».
Ce nouveau discounter sur le sol français, qui propose des rayons avenants, présente ses articles par univers : ici, il y a le grand espace « Atelier créatif », les rayons « Fête », « Bureau », « Travaux » avec rouleaux de peinture et pinceaux, « À la maison », où l’on peut dénicher des poêles à 10 euros, sans oublier des snacks à 2 euros pour les « Animaux, nos meilleurs amis ». Exception faite de Coca, Fanta ou Haribo, pas d’alimentaire et peu de grandes marques.
Peu de produits à 1 euro
Sur les 2 800 TEDi répartis dans le monde, 1 800 étant basés outre-Rhin, l’enseigne n’a pas hésité, économies budgétaires obligent : étiquettes et intitulés sont souvent rédigés en allemand.
Une déception : alors que sur les réseaux sociaux ou Facebook, TEDi promettait une tripotée de produits à 1 euro, ils sont en fait plutôt rares, éparpillés dans le magasin. Cet engagement non tenu ne gêne guère les clients, les yeux rivés sur des prix qu’ils jugent attractifs. Retraité de l’agroalimentaire, Joël, 69 ans, a jeté son dévolu sur vingt assiettes en carton pour 1 euro, et surtout pour des tee-shirts à 2 euros.
Joël fait ses courses avec minutie, il vérifie dans tous les catalogues, les prix des produits pour les acheter là où c'est le moins cher. LP/Enzo Sultan
« Avec ma femme, on a 1 500 euros de retraite, alors dès le début du mois, avec l’inflation qui galope, on compte », sourit le retraité qui « picore » d’une enseigne à l’autre. Désormais, c’est décidé, pour les vêtements, il viendra ici.
Grand bouddha avec lumière intégrée pour le jardin (27 euros), chiffons en microfibres (1 euro), maquillage, roses artificielles, ballons d’anniversaire… Sundy, 19 ans et sa mère Annie, opératrice en usine, viennent pour leur part de faire la razzia du mois. Si elles n’achètent « leurs produits d’entretien que chez Action, on viendra désormais souvent chez TEDi pour la déco, car il y a plein de jolies choses et des prix imbattables », se félicitent les deux femmes.
Dans ce concert de louanges, Édith est l’une des rares à trouver que certains articles « sont bien trop chers » — comme cette jardinière pour plantes aromatiques à 27 euros. Quant à Éloise, femme de généraliste, venue « par curiosité », elle aussi est « très déçue : c’est de mauvaise qualité et presque tout vient de Chine », tacle-t-elle.
« Ça va faire du mal à Action »
Questionnés à ce sujet, les autres clients n’ont pas les mêmes états d’âme : « textile, déco, jouets… franchement, c’est pareil chez les autres enseignes, même plus chic, non ? », interroge Lydie, une secrétaire médicale, convaincue, en tout cas, que « cette ouverture va faire du mal à Action ».
Le directeur venu assister au lancement à l’abri des regards des médias, qui a rejoint TEDi en Allemagne en 2017 après vingt-quatre ans passés chez Aldi (un autre grand discounter allemand), écarte toute idée d’une guerre entre enseignes : la Foir’Fouille, NOZ, Stokomani… « Il n’est pas question pour nous de détruire le terreau local. Action, c’est notre grand frère. Chacun attire une clientèle qui profite à l’autre. » Même si, lâche-t-il dans un sourire, « c’est vrai, on est moins chers ».
Dans ce magasin qui fait office de test pour l’Hexagone, « nous allons regarder quels articles marchent, et nous adapter, car chez nous, le consommateur est roi ». Selon nos informations, un deuxième magasin TEDi ouvrira dès ce samedi 29 avril à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais).
Source: Le Parisien