A Ankara, les pro-Erdogan acclament leur champion, " l’homme qu’il faut, au bon moment "

May 29, 2023
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Des partisans du président turc Recep Tayyip Erdogan fêtent sa réélection, à Ankara, pendant la nuit du 28 au 29 mai 2023. ADEM ALTAN / AFP

Dimanche soir à Ankara les partisans de Recep Tayyip Erdogan n’ont pas attendu de connaître les résultats officiels du second tour de l’élection présidentielle pour converger vers son palais de Bestepe. Ils sont bientôt des centaines de milliers, massés devant les grilles, à célébrer la réélection de leur champion. Sur les rythmes entêtants composés en l’honneur du « reis », la foule scande les slogans de la campagne : « L’homme qu’il faut, au bon moment », « dire ce qui est juste, dire ce qui est faux », « ils parlent, et nous, nous agissons ».

Un drapeau turc, étoile et croissant blancs sur fond rouge, a été accroché à la façade de l’édifice, à côté d’un portrait de Recep Tayyip Erdogan et de celui de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque. Les projecteurs, qui éclairent en contre-plongée l’imposant bâtiment, en soulignent les nervures et les contours.

Vers minuit, Recep Tayyip Erdogan apparaît au balcon du palais pour son traditionnel discours de victoire. « Comme à chaque fois que notre nation s’exprime, ce résultat est sacré, proclame le chef d’Etat, réélu pour un troisième mandat. Le véritable vainqueur de cette élection, c’est notre nation, dans toutes ses composantes, c’est la Turquie tout entière. Le grand vainqueur, c’est notre démocratie. »

« La Turquie est le pays le plus libre du monde »

Face à la marée de ses supporteurs, l’indétrônable Erdogan, au pouvoir depuis plus de deux décennies, se fait mordant. « Les magazines allemands, français, et britanniques n’ont-ils pas publié des couvertures pour faire plier Erdogan ?, lance-t-il en parlant de lui à la troisième personne. Ils les ont publiées, n’est-ce pas ? Mais ce sont eux aussi les perdants ! » Une référence aux couvertures de plusieurs journaux européens, appelant les Turcs, pendant la campagne, à ne pas le réélire.

En début de soirée, les premiers résultats considérés comme fiables affichaient 52 % des voix pour Recep Tayyip Erdogan, contre 48 % de voix favorables à Kemal Kiliçdaroglu. Le taux de participation en léger recul, passé de 87 % au premier tour à 85,7 %, trahit une certaine démobilisation d’une partie de l’électorat. C’est sur la base de ces résultats provisoires que Recep Tayyip Erdogan avait revendiqué la victoire un peu plus tôt dans la soirée,

devant sa résidence à Istanbul.

« On entend souvent dire que Recep Tayyip Erdogan est un dictateur. Aujourd’hui, c’était le second tour de l’élection présidentielle, n’est-ce pas ? Si la Turquie était une dictature, est-ce qu’il serait possible d’avoir un deuxième tour ? », raille Mehmet, visage rond et regard malicieux. « Je vous assure, la Turquie est le pays le plus libre du monde », ajoute ce quadragénaire, salarié de la fonction publique.

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Source: Le Monde