" Un Roland-Garros sans Nadal, ça n’a pas la même saveur ", à Paris, les fans orphelins de leur champion

May 29, 2023
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Des spectateurs devant la sculpture représentant Rafael Nadal, au stade Roland-Garros, à Paris, le 29 mai 2023. EP / « LE MONDE »

Pour la première fois en dix-neuf ans, Roland-Garros a commencé sans son roi. La mort dans l’âme, ou plutôt à son corps défendant, Rafael Nadal a dû renoncer au tournoi de la porte d’Auteuil, symbole de sa monarchie (presque) absolue sur terre : 112 succès accumulés dans son royaume, pour seulement trois défaites. En 2022, à 36 ans, l’Espagnol avait remporté sa quatorzième Coupe des mousquetaires – sur un pied – dix-sept ans après son premier sacre. Cette année, c’est sa hanche récalcitrante qui l’a contraint à faire faux bond dix jours avant le lancement de la quinzaine.

Un événement dans le microcosme tennistique et au-delà, même si l’annonce était un secret de Polichinelle. Depuis le 18 janvier et son élimination au deuxième tour à l’Open d’Australie, blessé à l’ilio-psoas (des muscles situés dans la région pelvienne), le gaucher n’avait pas repris le chemin de la compétition et tous les voyants étaient au rouge.

La dernière fois que le Grand Chelem parisien s’est déroulé sans la présence de Nadal (blessé au pied), c’était en 2004 : Jacques Chirac était président de la République et le court numéro 1 (détruit en 2019 dans le cadre de la modernisation du site) trônait encore fièrement derrière la place des Mousquetaires. Alors forcément, dans les allées de la porte d’Auteuil, cette édition 2023 n’est pas tout à fait comme les autres. Près de l’entrée principale du tournoi, la file d’attente ne désemplit pour se prendre en photo devant la statue de l’icône fixant dans l’acier son légendaire coup droit « lasso », œuvre de son compatriote Jordi Diez Fernandez inaugurée par le Majorquin lui-même en 2021.

« Nadal, c’est l’icône »

« Cette année, ce n’est pas un vrai Roland-Garros, car Roland-Garros, c’est Nadal », insiste Régis Delavictoire (cela ne s’invente pas). En admirateur de « Rafa », le quinquagénaire, venu lundi 29 mai de Seine-et-Marne avec son fils Léo, se dit « affecté » par le forfait du champion : « Certes, il y a de bons joueurs, mais Nadal, c’est l’icône. C’est un symbole, pour sa culture de la gagne, et un modèle de respect et d’humilité : on devrait le prendre en exemple dans toutes les écoles de tennis et du monde. » L’absence du maître des lieux rend « un peu triste » Léo : « Ce n’est pas comme d’habitude, regrette le garçon de 12 ans, casquette et polo siglés de l’équipementier de son idole, normalement il est toujours là… »

Dix-huit ans que l’Espagnol écrivait sur ces courts une page d’histoire unique dans les annales du tennis, et dans celles du sport en général. A force, Roland-Garros et Nadal avaient presque fini par ne plus faire qu’un. « Il nous manque, un Roland-Garros sans lui, ça n’a pas la même saveur et ce n’est pas aussi excitant », témoigne Michèle Duclovel, 38 ans, originaire du Val-de-Marne. A ses côtés, Rebecca Ramphul peine encore à parler au passé : « Chaque année, c’est un délice de le voir en finale, je gardais espoir qu’il soit là », regrette la jeune femme de 32 ans.

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Source: Le Monde