Albin de la Simone : " Au collège, je passais pour un gosse de riches, intello et arrogant, alors que je ne rêvais que de tracteurs "

May 29, 2023
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Albin de la Simone, à Paris, le 25 janvier 2023. JULIEN BOURGEOIS

Il a le visage froissé d’un réveil trop matinal. On rencontre Albin de la Simone entre deux dates de concert, de bon matin donc, dans les bureaux de son label, Tôt ou Tard, à Paris, la ville qu’il n’a jamais eu envie de quitter. Conscient de son « privilège » : à 52 ans, l’auteur-compositeur-interprète savoure la « joie » d’y avoir une maison avec jardin, avec des érables du Japon, des tulipes et même un palmier qu’il vient de planter.

Après une adolescence rurale et difficile, pendant laquelle il s’est toujours senti en décalage, le Picard a tout de suite aimé « l’anonymat » et la « sensation d’infini » de Paris. S’il a mis du temps à trouver sa voie, Albin de la Simone vient de sortir, début mars, son septième et plus bel album. Son titre : Les Cent Prochaines Années. Pour Le Monde, il revient sur les vingt premières.

Dans quel milieu avez-vous grandi ?

J’ai grandi dans un tout petit village, dans un milieu très rural, au nord d’Amiens, en Picardie, à Montigny-sur-l’Hallue. Mes parents étaient des citadins partis vivre à la campagne et travaillaient en ville. Alors que moi, j’étais vraiment un enfant de la campagne : je vivais dans les bois, je faisais du vélo, j’étais en totale liberté.

Ma mère a commencé à travailler quand je suis entré en CM2. Elle était très branchée histoire de l’art. Mon père était assureur, et ça le gonflait. Il était musicien de jazz amateur et fou de voitures anciennes. Il organisait des tas de trucs, mettait l’ambiance dans le village… Il était très connu pour sa personnalité et son entrepreneuriat festif et culturel.

Etiez-vous à l’aise, financièrement ?

On n’avait pas un rond ! On avait une vie culturelle assez dense, mais c’était la bricole permanente. On faisait les vide-greniers le week-end, tout était d’occase, les cadeaux, les fringues, etc. Mais on s’en fichait, notre vie était remplie, ma sœur avait même un poney. Et puis mon père jouait au Club Med et ça nous payait toutes nos vacances.

Mon père avait racheté le château du village – un ancien restaurant, complètement déglingué, qu’il a fait couler. Donc m’appelant « de la Simone », avec un père musicien, propriétaire d’un château… au collège, je passais pour un aristocrate. Les gens me voyaient avec une canne et un chapeau haut-de-forme ! J’ai beaucoup souffert de ça.

Vous dites avoir souffert au collège : que s’est-il passé ?

Après une enfance plutôt joyeuse, tout a commencé à déconner à l’adolescence ! Mon rapport aux autres, le décalage, la timidité transformée en arrogance… le collège, c’est la rencontre avec la connerie. Tu en découvres la puissance.

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Source: Le Monde