Elections en Grèce : les raisons du succès de la droite de Kyriakos Mitsotakis

May 29, 2023
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Kyriakos Mitsotakis (au centre) lors de la cérémonie d’assermentation au Parlement, à Athènes, le 28 mai 2023. YORGOS KARAHALIS / AP

Sur la riviera athénienne, Yannis Lappas tenait jusqu’en 2016 une boutique de yaourt glacé. Ouverte deux ans auparavant, elle ne désemplissait pas. Mais l’instauration, en juin 2015, d’un contrôle des capitaux limitant les retraits dans les banques pour faire face à la fuite des capitaux générée par la peur d’une sortie forcée de la Grèce de la zone euro, a changé la donne. « A l’époque, le premier ministre de gauche, Alexis Tsipras, dirigeait le pays, et en raison du bras de fer impossible avec Bruxelles, les Grecs se sont retrouvés dans une situation d’extrême vulnérabilité, ils avaient peur et ne consommaient plus. J’ai dû fermer mon magasin et je lui en veux, évidemment », constate le quinquagénaire, qui s’est reconverti dans l’immobilier, un secteur qui s’envole en raison notamment des investisseurs étrangers.

Pour une grande partie des Grecs, l’ex-premier ministre de gauche (Syriza) Alexis Tsipras reste associé aux « péripéties » de 2015, à la crise économique et à l’arrivée de près d’un million de réfugiés sur les îles grecques. Pour les électeurs de gauche, il est aussi celui qui a trahi ses promesses de campagne et a cédé aux créanciers du pays (Banque centrale européenne, Union européenne, Fonds monétaire international) en imposant de dures mesures d’austérité. Mais aux élections de 2019, Alexis Tsipras avait réalisé un résultat plus honorable et les électeurs grecs lui ont donc aussi reproché d’avoir mené une opposition peu convaincante durant ces quatre dernières années et semblent avoir été convaincus par la campagne du premier ministre sortant, Kyriakos Mitsotakis, qui a promis la « stabilité » économique et géopolitique du pays.

« Le parti conservateur Nouvelle Démocratie ne gagne que deux points par rapport aux élections de 2019. Les législatives du 21 mai ont surtout révélé l’effondrement de Syriza, qui n’a pas réussi à convaincre avec son idée de gouvernement de coalition », affirme Maria Karaklioumi, analyste politique pour la société de sondage RASS. En Grèce, les gouvernements de coalition ne sont pas la norme et, durant la crise, ils ont souvent été de courte durée, peu capables de faire face aux défis de la récession économique.

« La campagne de Syriza a été mal conduite »

D’après Nikos Marantzidis, professeur en sciences politiques à l’université de Macédoine, « la campagne de Syriza a été mal conduite et a favorisé le parti conservateur ». La déclaration de Giorgos Katrougalos, ancien ministre des affaires étrangères sous le gouvernement Tsipras (2015-2019), sur la nécessaire augmentation des cotisations sociales pour les travailleurs indépendants a eu l’effet d’une bombe. D’après les sondages, 54 % de cette catégorie professionnelle a voté pour Nouvelle Démocratie alors que lors des scrutins précédents leurs votes étaient plus partagés.

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Source: Le Monde