Pyongyang alarme l'Asie en annonçant le lancement imminent d'un satellite espion

May 30, 2023
376 views

Par Yann Rousseau

Publié le 30 mai 2023 à 7:32

La Corée du Nord a indiqué, ce mardi, qu'elle s'apprêtait à lancer son premier satellite militaire espion afin d'améliorer ses capacités de défense face aux supposées menaces d'agression des Etats-Unis et de leurs pays alliés dans la région. Dans des déclarations publiées dans les médias du régime, Ri Pyong Chol, l'un des plus hauts cadres de l'armée nord-coréenne, explique que son pays « veut se doter de toute urgence des moyens de réunir, en temps réel, des informations sur les actions militaires dangereuses de ses ennemis ». « Le satellite de reconnaissance militaire n° 1, qui sera lancé en juin, est indispensable pour suivre, surveiller, contrôler et faire face aux actes des Etats-Unis et de leurs forces vassales », a-t-il prévenu.

Si le militaire n'a pas divulgué la date exacte de ce lancement, Pyongyang avait indiqué, dès lundi, à l'Organisation maritime internationale que le pays allait mettre en orbite un satellite entre la nuit du 31 mai et celle du 11 juin. Le pays a ainsi transmis à l'OMI les coordonnées des zones maritimes où pourraient retomber, dans les minutes qui suivront le tir, les différents étages de la fusée utilisée pour lancer le nouveau satellite.

Probablement tirée depuis la base militaire de Sohae, au nord du pays, la fusée, qui se dirigera directement vers le sud pour placer le satellite sur une orbite optimale, pourrait retomber en Mer jaune, à l'ouest de la péninsule coréenne, et à l'est de Luçon, la principale île des Philippines.

Mises en garde

En théorie, les différents étages du lanceur ne devraient pas toucher des territoires étrangers mais le tir est tout de même qualifié de périlleux par les pays de la région. Le gouvernement sud-coréen a ainsi dénoncé une « nouvelle provocation » de Pyongyang. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lim Soo-suk, a même assuré, dans un communiqué, que la Corée du Nord devrait payer « le prix fort » si le lancement avait lieu.

Soucieux de mettre en scène, pour sa population, sa fermeté et sa grande vigilance , le gouvernement conservateur japonais a affirmé qu'il pourrait envisager de détruire la fusée coréenne si elle venait à s'avérer menaçante. « M ême s'il est décrit comme un lancement de satellite, ce tir, qui utilise la technique des missiles balistiques, constituerait une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies » et menacerait la sécurité de la population, a déploré lundi le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Dans la foulée, son ministère de la Défense a donné l'ordre d'abattre tout missile balistique dont la chute sur son territoire terrestre ou maritime serait confirmée. Il a déployé, à cet effet, des missiles intercepteurs SM-3, à bord d'un destroyer Aegis, et des batteries de type Patriot Advanced Capability-3 (PAC-3) sur plusieurs îles de l'extrême sud de l'archipel. Pour les experts, cette perspective d'une interception japonaise est toutefois hautement improbable.

Capacités limitées

La Corée du Nord, qui a déjà placé des satellites d'observation de la Terre en orbite en 2012 et en 2016, travaille depuis des années à la conception d'un véritable satellite espion capable de lui permettre de suivre les éventuels mouvements de troupes ou de matériels des autres armées de la région que la dictature considère comme autant de menaces pour sa survie.

Lire aussi : Séoul et Washington renforcent leur coopération de défense face à la Corée du Nord

Il y a deux semaines, lors d'une visite du site de développement du satellite, Kim Jong-un, le leader du régime, avait lui-même donné le feu vert pour le lancement du nouvel appareil de surveillance, expliquant que le pays devait réagir à l'intensification des « manoeuvres de confrontation » contre le Nord lancées, selon lui, par les Etats-Unis et la Corée du Sud.

Pointant la petite taille et les technologies apparentes implantées sur le satellite exhibé par la propagande nord-coréenne, à l'occasion de cette visite, les analystes doutent de la capacité de l'engin à fournir à Pyongyang des images de grande qualité. Les satellites d'observation lancés en fanfare par le régime dans les années 2010 avaient cessé d'émettre rapidement après leurs arrivées en orbite. Ils sont aujourd'hui considérés comme « morts ».

Source: Les Échos