Mort d’Yvan Colonna : la commission d’enquête parlementaire pointe une série de " défaillances "
Dans quelles circonstances Yvan Colonna a-t-il été violemment agressé ? Et quels « manquements » certains auraient pu être évités ? La commission d’enquête parlementaire tente d’y répondre en publiant ce mardi son rapport sur l’agression mortelle du militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d’Arles en mars 2022.
En ligne ce mardi après-midi, le rapport pointe une série de « défaillances », « d’inactions » et « d’erreurs » de la part des autorités. Dans le détail, le rapport émet 29 recommandations, réparties en trois axes : la « réforme impérieuse » du statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS), le « renforcement de la détection et de la surveillance des détenus radicalisés dangereux », et l’amélioration de la prise en charge de « ceux présentant des troubles psychiatriques ».
En parallèle, le président de la commission Jean-Félix Acquaviva (député Liot de la Haute-Corse) et le rapporteur Laurent Marcangeli (député de la Corse-du-Sud, Horizons) doivent tenir une conférence de presse à l’Assemblée à 17 heures.
Une agression mortelle en mars 2022
Au cours de ses six mois de travaux, la commission s’est intéressée au traitement carcéral de Franck Elong Abé, mais aussi aux circonstances entourant l’agression et aux raisons du maintien du statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS) d’Yvan Colonna, qui empêchait son transfert vers une prison corse.
Avec une question en toile de fond : pourquoi Franck Elong Abé était-il en détention ordinaire et comment a-t-il pu se retrouver seul avec Yvan Colonna pendant 15 minutes ? Car les auditions ont mis en lumière le profil inquiétant avant et pendant la détention de cet homme, également classé DPS, parti combattre auprès de talibans en Afghanistan au début des années 2010 et qui a multiplié les incidents en prison.
Un traitement carcéral qui intrigue la commission
Lors de son audition, l’ex-directrice de la prison d’Arles Corinne Puglierini avait-elle même assuré que le « comportement » du détenu atteint de troubles psychiatriques à son arrivée à Arles « ne permettait pas une évaluation au quartier d’évaluation de la radicalisation (QER) ».
Elle avait toutefois ensuite fait état d’une évolution positive qui avait justifié qu’on lui accorde fin 2021 un poste convoité d’« auxiliaire », pour faire le ménage dans les salles de sport de la prison. Une étonnante « mansuétude » selon la commission, et « aux antipodes » du traitement carcéral « excessivement rigoureux » d’Yvan Colonna, sur lequel le rapport devrait largement revenir.
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Les élus corses et les familles d’Yvan Colonna, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi (également condamnés à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac) demandaient depuis des années, en vain, la levée de leur statut DPS qui empêchait leur transfert vers la Corse. Un choix uniquement « politique » selon eux.
Source: Le Parisien