Baromètre du bien-être : " La richesse ne fait pas forcément le bonheur "

May 30, 2023
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Comment accroître la prospérité d’un pays est depuis plus de trois siècles la question qui taraude les économistes. Le livre fondateur d’Adam Smith, en 1776, se prétendait être déjà une « recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Le bien-être des habitants était supposé en découler naturellement. Mais la richesse ne fait pas forcément le bonheur. D’où les critiques récurrentes du principal thermomètre de la richesse d’une nation, son produit intérieur brut (PIB). Pour en avoir le cœur net, L’ONG américaine Social Progress Imperative, fondée par des chercheurs, notamment de l’Institut de technologie du Massachusetts et de Harvard, et par des chefs d’entreprise, a construit depuis dix ans un indicateur supposé traduire le bien-être des citoyens. L’hebdomadaire The Economist en a publié les derniers résultats le 24 mai.

L’intérêt de cet indicateur est qu’il ignore totalement le PIB, à la différence de celui des Nations unies, pour le remplacer par une batterie de cinquante-deux indicateurs répartis en trois catégories. D’abord les besoins de base : accès à l’alimentation et à une eau de qualité, la santé, la sécurité, le logement. Puis les besoins de plus long terme, comme l’éducation, la santé, l’accès à l’information, l’environnement. Et, enfin, ce qu’ils appellent les « opportunités », droits humains, liberté de choix, discriminations, études supérieures…

Un indicateur très occidental dans ses choix

Sur ces critères, l’Europe domine largement, principalement celle du Nord, avec, en tête, la Norvège, la Suisse le Danemark, l’Islande, l’Allemagne, la Finlande, la Suède ou les Pays-Bas. Le Canada et l’Australie ferment ce club des dix chanceux. La France arrive en dix-huitième position avec des scores comparables à l’Espagne, au Japon ou au Luxembourg. En queue de classement, sur les 170 pays passés au crible, figure le Soudan du Sud.

A première vue, démonstration est faite que l’argent fait le bien-être puisque ces pays sont aussi ceux où le PIB par habitant est le plus élevé. Deux exceptions cependant, qui ne surprendront pas, les Etats-Unis et la Chine. Le premier pointe à la 31e place, juste derrière le Portugal, et le second à la 107e place, derrière le Venezuela. La nation américaine a singulièrement régressé au classement, surtout depuis la dernière décennie plombée par ses problèmes de santé (drogue) et de sécurité (armes). La Chine pâtit sur les droits humains, la pollution et la santé.

Comme le PIB, cet indicateur, très occidental dans les choix opérés, est abondamment critiqué. Mais il permet une comparaison dans le temps. Et un constat : celui, depuis 1990, de l’amélioration des conditions matérielles, en particulier en Asie, mais une stagnation, voire une détérioration, en ce qui concerne les droits humains. L’argent ne fait pas tout.

Source: Le Monde