Au Kosovo, des violences d’ampleur inédite contre les soldats de l’OTAN
La police anti-émeute du Kosovo et la KFOR (force de l’OTAN) sécurisent un bâtiment municipal de Zvecan, dans le nord du Kosovo, le 29 mai 2023, à la suite d’affrontements avec des manifestants serbes réclamant la destitution des maires albanais récemment élus. - / AFP
Un tel niveau de violence n’avait pas été vu depuis des années au Kosovo. Lundi 29 mai, des centaines de manifestants de la minorité serbe du nord du pays s’en sont violemment pris aux militaires de l’OTAN chargés d’éviter des affrontements avec les forces de police locales, majoritairement albanophones. Selon la KFOR, le nom de la force de l’OTAN déployée dans ce pays des Balkans depuis la guerre de 1999, trente soldats internationaux ont été blessés, notamment des Hongrois et des Italiens. La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a dénoncé une attaque « inacceptable et irresponsable » de ses soldats, tandis que la Hongrie a annoncé le rapatriement des blessés par avion.
Les vidéos des affrontements montrent des militaires en tenue de maintien de l’ordre essuyer des coups et des explosions d’engins incendiaires, lancés par une population serbe furieuse. Plusieurs véhicules de journalistes albanophones venus couvrir les événements ont été attaqués. Une cinquantaine d’habitants ont été blessés.
Montée de tension
Ces affrontements ont été déclenchés par l’intronisation de quatre maires albanophones dans les quatre municipalités autour de Mitrovica où les Serbes sont majoritaires. Toujours dépendants de Belgrade, les 40 000 habitants du nord du Kosovo vivent depuis plus de vingt ans dans un Etat de non-droit, faute de possibilité pour les autorités de Pristina d’intervenir sur place. A l’image du joueur de tennis Novak Djokovic, qui a réagi aux affrontements, lundi, en relayant le message « Le Kosovo est le cœur de la Serbie » à l’issue d’un match à Roland-Garros, la plupart des Serbes ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo, proclamée en 2008.
Depuis son arrivée au pouvoir, début 2021, le nouveau premier ministre kosovar, le nationaliste de gauche Albin Kurti, veut mettre fin à cet état de fait, quitte à déstabiliser la région. Les affrontements de lundi sont la conséquence de plusieurs mois de montée de tension. En novembre 2022, l’ensemble des policiers et maires serbes avaient démissionné pour protester contre la décision kosovare de cesser de reconnaître les plaques d’immatriculation serbes qu’ils utilisent toujours.
Appel « à la désescalade »
Pristina a répondu en organisant de nouvelles élections municipales, boycottées par les Serbes. Reporté plusieurs fois à la demande des parrains occidentaux de ce petit Etat de deux millions d’habitants, le scrutin a finalement eu lieu le 23 avril. Seuls 1 500 albanophones y ont participé, élisant quatre maires de leur communauté. Vendredi, ces derniers ont voulu prendre leurs fonctions. Ils ont commencé par retirer les drapeaux serbes qui ornent toujours les institutions municipales pour les remplacer par des drapeaux kosovars, déclenchant la colère des Serbes. De nouvelles manifestations étaient prévues mardi 30 mai.
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Source: Le Monde