Sponsor de Roland Garros, le chinois Oppo et ses smartphones quittent la France
A la Fnac de la rue de Rennes, à Paris, les smartphones Oppo sont toujours exposés en magasin, mais les stocks sont épuisés. "C’est normal, l’entreprise est en train de fuir la France", lâche un vendeur. Cible de rumeurs depuis plusieurs mois, le désengagement du marché tricolore du numéro quatre du secteur, qui a culminé à 10 % de parts de marché, est un coup de tonnerre. "Cela ne se fait pas, lâche un partenaire du groupe. Nous nous sentons trahis. Les opérateurs et les distributeurs ont des ardoises qui représentent plusieurs millions d’euros qu’ils ne reverront pas."
Les téléspectateurs de Roland-Garros ne peuvent pas ignorer son existence. Le constructeur chinois de smartphones Oppo, l’un des sponsors principaux du tournoi depuis 2019, s’affiche partout autour des courts de tennis de la porte d’Auteuil. Malgré cette visibilité majeure et un partenariat coûteux, il a décidé de se retirer de France d’ici à l’été, en laissant des ardoises salées derrière lui.
Indifférence des dirigeants
Juridiquement, l’entité qui commercialise Oppo et OnePlus en France, est considérée comme un distributeur indépendant du siège chinois. "En 2021, quand le coréen LG s’est retiré des smartphones, il avait joué le jeu, ajoute un connaisseur du secteur. Cette fois, c’est incompréhensible, les dirigeants se moquent de salir la marque pour laquelle ils ont investi sans compter."
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Même si l’entité française n’est pas si indépendante dans les faits, il est compliqué de remonter à la maison mère. "L’entreprise a retiré ses forces de vente en avril, confie un ancien salarié, la livraison de produits s’était arrêtée avant". Officiellement, Oppo n’a pas communiqué à ses dizaines d’employés en France qu’il mettait la clé sous la porte. "Cela s’est fait à la chinoise, confie un ex-collaborateur. Il n’y a eu aucun mail, les factures ont juste cessé d’être payées. Aucun salarié n’est dupe, beaucoup ont déjà trouvé un emploi ailleurs".
En contentieux avec Nokia sur l’utilisation de brevets, Oppo avait été condamné à retirer ses produits d’Allemagne au pied levé à l’automne dernier. Le groupe ne veut pas reproduire une situation analogue en France, alors qu’une décision judiciaire face à Nokia doit tomber le 6 juillet devant le tribunal d’instance à Paris. "Samsung et Xiaomi seront les premiers bénéficiaires de ce départ", constate Thomas Husson, analyste à Forrester. Dans un marché mondial en baisse de 11,3 % en 2022, le retrait d’Oppo pourrait n’être que le premier d’une longue série.
Source: Challenges
