Corée du Nord : débris, confusion et réactions... ce que l’on sait du lancement raté d’un satellite espion

May 31, 2023
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Le tir a semé la confusion au Japon et à Séoul. La Corée du Nord a annoncé mercredi avoir tenté de lancer un « satellite de reconnaissance militaire » avant que celui-ci ne s’abîme « en mer ». Comment expliquer cet échec ? Et quelles réactions a-t-il fait naître au sein de la communauté internationale ? Retour sur les derniers événements.

Que s’est-il passé ?

Pyongyang avait annoncé mardi qu’il allait mettre en orbite un satellite espion afin de « faire face aux actions militaires dangereuses des États-Unis et de leurs vassaux ». Mais la tentative s’est soldée par un échec : une « fusée de transport de satellites Cheollima-1 s’est abîmée dans la mer de l’Ouest », le nom coréen de la mer Jaune, a indiqué l’agence de presse d’État KCNA. Cette chute en mer serait due à un problème technique : une « perte de poussée due à un démarrage anormal du moteur du deuxième étage, après la séparation du premier étage pendant un vol normal », a ajouté l’agence.

Le projectile a « rapidement disparu des radars avant d’atteindre son point de chute attendu », a de son côté, expliqué de l’armée sud-coréenne citée par l’agence Yonhap. L’armée sud-coréenne a publié des images des débris du satellite et de son lanceur qu’elle a annoncé avoir repêché en mer Jaune, à 200 km de l’île d’Eocheong, loin au large de la côte occidentale de la péninsule. Ces images montrent une grande structure métallique en forme de cylindre avec quelques tuyaux et fils à son extrémité.

Des débris du satellite et de son lanceur repêchés en mer Jaune, à 200 km de l'île d'Eocheong. South Korean Defence Ministry / AFP

Quelles précautions prises par les pays voisins ?

Ce lancement a provoqué une certaine confusion chez les pays voisins. Peu avant le tir, des sirènes ont retenti en Corée du Sud, assorties d’une alerte d’ « urgence critique » envoyée par la mairie de Séoul à 06h41 (21h41 GMT) accompagnée d’une sonnerie tonitruante sur tous les téléphones mobiles de la ville.

L’alerte, qui exhortait les habitants à se préparer pour une évacuation en faisant passer les « enfants et les personnes âgées d’abord », a ensuite été annulée, le ministère de l’Intérieur invoquant une erreur. Selon l’armée sud-coréenne citée par Yonhap, la fusée n’a jamais menacé la zone métropolitaine de Séoul.

Au Japon, une alerte au missile avait également été émise dans le département d’Okinawa, au sud du pays, appelant la population à se mettre à l’abri. Elle a également été levée par le gouvernement, 30 minutes plus tard.

Quelles réactions ?

Sans surprise, les condamnations se sont aussitôt multipliées. Les États-Unis ont fustigé ce lancement qui utilise « la technologie des missiles balistiques » et « risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et au-delà », a pointé Adam Hodge, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.

L’annonce de ce tir par Pyongyang avait aussi été immédiatement condamnée par le Japon et la Corée du Sud invoquant les sanctions des Nations Unies. Ces sanctions interdisent à la Corée du Nord de lancer des missiles balistiques, qui reposent sur la même technologie que les lanceurs spatiaux.

« Si la Corée du Nord procède effectivement à ce lancement, elle devra en payer le prix et supporter la souffrance qu’elle mérite », avait lancé le ministère des Affaires étrangères sud-coréen.

Quel contexte ?

Depuis une escalade des tensions depuis 2019 avec sa voisine, la Corée du Nord a accéléré son développement militaire et s’est déclarée puissance nucléaire « irréversible » par le biais de son leader, Kim Jong Un. Ce dernier a appelé à l’augmentation « exponentielle » de l’arsenal nord-coréen, y compris en armes nucléaires tactiques.

Source: Le Parisien