Après la démission de Patrick Cohen de Radio France, Sibyle Veil peine à rassurer les salariés de Franceinfo
La présidente de Radio France, Sibyle Veil, à la Maison de la radio, à Paris, en février 2022. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
« Les discussions étaient engagées, mais elles n’étaient pas finies. » Mercredi 31 mai, à 11 heures, la PDG de Radio France, Sibyle Veil, s’est présentée devant une foule compacte de salariés de Franceinfo pour tenter d’éteindre l’incendie qui y fait rage depuis le 26 mai. Ce soir-là, Patrick Cohen annonçait au Monde démissionner de Radio France – où il présentait chaque dimanche « L’Esprit public », sur France Culture, depuis septembre 2021 – après s’être vu promettre, puis retirer, la présentation de la matinale à la rentrée.
Entre ces deux décisions : le retour de vacances de Laurence Bloch, directrice des antennes et de la stratégie éditoriale, qui aurait invalidé ce choix et, ainsi, contraint la PDG à revenir sur la parole donnée à l’ancien matinalier d’Inter (entre 2010 et 2017). Un scénario que la dirigeante s’est efforcée de démentir, juste après avoir regretté qu’il ait suscité des commentaires rapportés dans divers articles : « Le déballage dans la presse dessert notre maison », s’est-elle insurgée.
« A la question de savoir si elle avait bel et bien souhaité la bienvenue à Patrick, elle a répondu de manière embarrassée, sans dire “oui” ou “non” », raconte tout de même l’un des présents à la réunion (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat). Un moment « hypertendu », plein de « défiance », mais aussi d’une « émotion » nourrie au « sentiment d’humiliation et de mépris », rapporte un autre. « Il y a une volonté de nous empêcher d’avoir le meilleur pour Franceinfo », lui a ainsi lancé une voix de l’antenne.
« Aucun sens à instaurer une guerre Franceinfo-France Inter »
Lundi, un communiqué de la Société des journalistes « espérait » déjà que Patrick Cohen n’avait pas été « écarté parce qu’il était trop bon pour l’antenne, ou pour des raisons de vengeance personnelle ». « On fait tous beaucoup pour Franceinfo avec beaucoup moins de moyens qu’Inter, et là, on le vit très, très mal », s’est insurgée une autre journaliste, sous les applaudissements de ses collègues.
Tactique, Sibyle Veil a non seulement expliqué qu’il n’y aurait « aucun sens à instaurer une guerre entre Franceinfo et France Inter », mais elle a rappelé le caractère « indispensable » de la station, dont la matinale sera bientôt renforcée par l’embauche (déjà annoncée) de deux équivalents temps plein. Déterminée à dépasser l’épisode pour se projeter dans la suite, « elle a insisté sur le fait que Marc Fauvelle avait rajeuni l’audience de Franceinfo et qu’il fallait poursuivre dans cette voie-là, alors que Patrick Cohen, sexagénaire, n’incarnait pas l’avenir », résume un cadre de la station.
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Source: Le Monde