Canua Island : Après un premier feu vert, d'autres autorisations attendues dans les " heures ou jours " à venir

May 31, 2023
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Leurs détracteurs dénoncent une « aberration écologique », eux revendiquent « une première mondiale conforme à 100 % avec la réglementation terrestre et maritime française ». Les promoteurs de Canua island sont sortis de leur silence ce mercredi pour répondre à la « campagne calomnieuse et sans aucun fondement » dont leur projet de plage privée flottante serait « la cible ». Et surtout pour assurer qu’ils n’avaient « aucun doute » sur l’obtention des autorisations nécessaires pour débuter prochainement l’exploitation de leur embarcation au large de Mandelieu-La Napoule, près de Cannes.

« C’est une question d’heures ou de jours, a assuré Jean-Bernard Falco, le président de la société Smart island Riviera, depuis la Seyne-sur-Mer, dans le Var, où le navire est arrivé le 22 mai pour des inspections. Nous ne sommes pas capables de donner une date précise parce que tout ça dépend encore de deux documents administratifs. Mais on n’a aucun doute sur le fait que l’Etat français va faire toute la diligence nécessaire pour nous délivrer les autorisations appropriées ». « Au nom de quoi, [il] ne [nous les] donnerait pas » alors qu’il les « donne tous les jours à plein de navires nouveaux », a-t-il ajouté, arguant : « nous sommes dans un pays de droit ».

Permis de navigation et d’armement en suspens

Une commission de sécurité, qui a visité la plateforme ces derniers jours, « a validé sa conformité », indiquent les responsables de Canua island. Installée sur un trimaran de 41 m de long, elle embarque, sur 31 m de large, des dizaines de transats, un bar lounge, un restaurant, une suite grand luxe de 45 m2 et même une piscine d’eau douce.

L'embarcation pourrait accueillir jusqu'à 350 personnes, selon ses concepteurs - Canua Island

Passé ce premier cap, les promoteurs doivent encore obtenir le permis de navigation mais aussi le permis d’armement « qui valide l’aspect humain du navire » et « la formation de l’équipage ». « Et nous n’avons aucun doute sur le fait de les obtenir », a répété Jean-Bernard Falco, entouré de Marc Audineau, ex-champion de dériveur à l’origine du projet avec Tony Philp, un autre sportif d’origine fidjienne.

Si tout est validé, le navire devra ensuite encore obtenir des autorisations de mouillage toutes les 72 heures pour s’ancre dans la baie de Mandelieu-La Napoule ou « ailleurs en fonction des demandes de privatisation de nos clients », selon Jean-Bernard Falco. Contactée par 20 Minutes, la préfecture maritime de Méditerranée précise en effet que l’embarcation relève de l’arrêté du 16 février 2023 « réglementant le mouillage et l’arrêt des navires de jauge brute supérieure ou égale à 300 [UMS] », ce qui est le cas de Canua island. Ces autorisations à renouveler tous les trois jours « pourront être délivrées en fonction du contexte et notamment du respect de l’ordre public » et seront « de toute façon étudiées au cas par cas », a assuré un porte-parole.

Des recours en justice déjà envisagés

Les détracteurs du projet, qui dénoncent ses conséquences environnementales, ont déjà prévu d’agir en justice. « Dès que le préfet aura autorisé le mouillage, cette décision fera l’objet d’une procédure de référé devant le tribunal administratif », avait notamment prévenu Me Eric Lanzarone, l’avocat de l’association Syllau, montée par des particuliers. La région Paca est également « prête à former deux recours auprès de la justice administrative, pour empêcher [la] mise en œuvre » du projet, a déclaré son président Renaud Muselier, mardi, dans un communiqué.

L’initiative, jusque-là soutenue par la mairie de Mandelieu-la-Napoule, est également contestée par le maire LR de Cannes David Lisnard et par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu lui-même. L’initiative « suscite une circonspection à laquelle je souscris », avait-il déclaré mi-mars. « A l’Etat à présent, seul décisionnaire, de tenir avec cohérence ses engagements en faveur de l’écologie » et de « suspendre » le projet « avant qu’il ne fasse jurisprudence et essaime sur les côtes », lui avait répondu Hélène Granouillac, présidente de l’association locale Terre Bleue. Une pétition lancée il y a trois mois, pour s’opposer à l’exploitation de cette « île flottante » qui se ferait « aux dépens de l’environnement », avait réuni plus de 17.000 signatures ce mercredi.

Canua Island à La Seyne-sur-Mer harbour, le 23 mai 2023. - Nicolas TUCAT

L’îlot artificiel, victime d’une « campagne calomnieuse et sans aucun fondement » selon ses concepteurs, serait « un navire respectueux, de sa conception à son exploitation », assurent-ils de leur côté. « Des matériaux à faible empreinte environnementale » auraient été utilisés. L’exploitation se fera grâce à des « biocarburants » et l’embarcation « ne sera pas équipée de lumières sous-marines et le son sera atténué pour ne pas déranger la faune marine », assurent-ils aussi, vantant « la création de 100 emplois ».

Source: 20 Minutes