Sénégal: l’opposant Ousmane Sonko condamné à 2 ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse

RFI
June 01, 2023
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Le jugement dans l’affaire Ousmane Sonko / Adji Sarr ce 1er juin 2023 à la chambre criminelle de Dakar : l’opposant est condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Son procès s’était tenu en son absence le 23 mai. Il ne s’était pas présenté au palais de justice. Le parquet avait requis 10 ans de réclusion criminelle pour viols ou 5 ans de prison pour le délit de « corruption de la jeunesse ». Depuis le début de cette longue procédure en février 2021, Ousmane Sonko a toujours dénoncé un « complot » pour l’écarter de la présidentielle prévue en février 2024.Un imposant dispositif de sécurité a été déployé dans la capitale sénégalaise.

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L’opposant politique est condamné à deux ans ferme, pour corruption de la jeunesse. Les faits de viol et de menaces de mort n’ont donc pas été retenus par la chambre criminelle du Tribunal de Dakar, ce 1er juin 2023.

La propriétaire du salon de massage, Ndeye Khady Ndiaye, écope également de deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche.

« La corruption de la jeunesse » est une infraction prévue dans le code pénal, à l’article 324, et qui concerne « quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, en favorisant ou facilitant la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe, au-dessous de l’âge de 21 ans ». Or, d’après la date de naissance d’Adji Sarr, elle avait 20 ans au moment des faits.

« C'est une peine d’inéligibilité »

Pour maitre Bamba Cissé, avocat d’Ousmane Sonko, à la sortie du tribunal, le fait que le viol ait été écarté montre bien selon lui qu’il s’agissait d’un complot. Toujours selon l’avocat, « avec cette peine de deux ans, Ousmane Sonko ne peut pas être candidat pour la présidentielle de 2024, c’est une peine d’inéligibilité ». Interrogé sur la suite sur le plan judiciaire, maitre Bamba Cissé a répondu : « En matière de contumace, il n’est pas possible de faire appel. Sur le plan technique, on avisera. »

Le juge a dit que Adji Sarr n'a pas été violé et que Ousmane Sonko ne l'a pas menacé de mort. Or, ce sont là les deux infractions pour lesquelles Ousmane Sonko avait été renvoyé par le doyen des juges. Pendant deux ans ou un peu plus, on nous a vendu un dossier de viols. Il y a eu beaucoup de pertes en vies humaines. La justice a fini par dire que tout ça devra accoucher d'une souris. Et ce que l'opinion doit retenir aujourd'hui, c'est que Ousmane Sonko n'a pas violé Adji Sarr. Si on considère que Ousmane Sonko n'a pas violé Adji Sarr. c'est qu'il y a eu une conspiration derrière cette affaire. Et je rappelle à l'opinion que la peine est une peine d'inéligibilité, pour nous de la défense. L'objectif était de salir un homme. Cet objectif n'a pas été réussi. L'autre objectif était de le rendre inéligible. Cet objectif a eu l'effet escompté parce que, aujourd'hui, avec cette peine-là et en l'état actuel des choses, Ousmane Sonko ne peut pas être candidat à la compétition électorale de 2024. En matière de coutumace, il n'est pas possible de faire appel. Mais sur le plan technique, on avisera. Maitre Bamba Cissé, avocat d’Ousmane Sonko Charlotte Idrac

Par ailleurs, pour maitre El Hadj Diouf, avocat d’Adji Sarr, ce jugement n’est pas une satisfaction totale, selon lui.

Condamner Monsieur Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme, c'est une satisfaction mais pas une satisfaction totale. Nous aurions voulu la condamnation de Monsieur Sonko à un minimum de 10 ans ferme. Le viol n'a pas été retenu. La corruption de la jeunesse a été retenue. C'est tout comme. Parce que quand on abuse de la jeunesse d’une fille pour coucher avec elle, c'est presque un viol. Si on fait étalage de sa puissance devant une jeune fille pour pouvoir accéder à ses parties intimes, c'est comme un viol. La victoire, c'est qu'on n'a pas nié l'existence du contact sexuel. Nous avons au moins une victoire sur une personne qui a toujours menacé les juges, qui a menacé la société, qui a menacé l'État et qui n'a même pas respecté la chambre criminelle en refusant de se présenter. Maitre El Hadj Diouf, avocat d’Adji Sarr Charlotte Idrac

Cette affaire se déroule dans un climat de vives tensions au Sénégal. Ce jeudi, à la mi-journée, dans un palais de justice placé sous très haute sécurité, c’était calme. Mais la correspondante de RFI a entendu des sirènes et quelques tirs de gaz lacrymogène.

Des échauffourées ont été signalés à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Au quartier Cité Keur Gorgui, là où se trouve le domicile d’Ousmane Sonko, la zone était toujours bouclée par les forces de l’ordre. Pas de mouvement particulier rapporté à l’annonce du jugement.

Des heurts avaient éclaté avant même le verdict à Ziguinchor, ville du sud du pays dont Ousmane Sonko est le maire. Dans sa dernière déclaration l’opposant avait appelé ses compatriotes à « se mobiliser comme un seul homme pour faire face à Macky Sall », le président du pays. La situation était encore volatile vers midi, alors que Dakar tourne au ralenti ce jeudi.

>> À lire aussi : Sénégal: l’opposant Ousmane Sonko donne sa version après avoir été ramené à Dakar

Pendant ce temps-là, le quartier de Cité Keur Gorgui, où se trouve le domicile d’Ousmane Sonko, est toujours encerclé par les forces de défense et de sécurité.

Des confrères qui tentaient de filmer ce jeudi matin ont essuyé des tirs de gaz lacrymogène. L’ambiance est donc tendue donc dans la zone.

Dakar tourne au ralenti aujourd’hui, sachant que dans sa dernière déclaration, Ousmane Sonko avait appelé ses compatriotes à « se lever comme un seul Homme pour faire face à Macky Sall », le président du pays.

Avant même ce jugement, des heurts ont déjà été signalés à Ziguinchor dans le sud du pays, ville dont Ousmane Sonko est maire.

Des policiers et gendarmes sénégalais à l'entrée du palais de justice de Dakar où se tient le procès de l'opposant Ousmane Sonko le 1er juin 2023. AFP - SEYLLOU

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Source: RFI