Les journalistes du quotidien " Les Echos " en grève pour obtenir un renforcement des garanties d’indépendance

June 01, 2023
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Les Echos ne paraîtront pas vendredi. La rédaction du quotidien économique détenu par LVMH, le groupe de Bernard Arnault, a décidé, jeudi 1er juin, de se mettre en grève pour vingt-quatre heures, pour les publications print et Web, pour obtenir un renforcement des garanties d’indépendance. Les journalistes, qui étaient appelés à voter dans l’après-midi lors d’une assemblée générale organisée par la Société des journalistes (SDJ), ont voté à l’immense majorité pour la grève (218 voix pour, 3 contre et un vote blanc).

Dans un communiqué diffusé sur Twitter, la SDJ estime que la direction des Echos « veut vider de sa substance le droit de veto des journalistes sur la nomination d’un directeur de la rédaction prévu dans l’accord d’indépendance » – accord sans lequel il ne peut, selon le syndicat, y avoir « d’information de qualité ».

« Ce droit permet normalement aux journalistes d’avoir leur mot à dire sur le candidat proposé par l’actionnaire », explique la SDJ. Selon elle, « la direction présente une liste de votants dépassant largement le champ de la rédaction permanente des Echos (CDI, CDD, apprentis, pigistes réguliers), une liste qui comprend même des non-journalistes. Sachant que dans ce scrutin, les abstentions comptent en soutien du candidat de l’actionnaire », est-il précisé.

« Je demande solennellement à la rédaction de se remettre au travail »

Les grévistes redoutent que l’élargissement du corps votant n’entraîne de nombreuses abstentions, qui compteront comme des soutiens au candidat de l’actionnaire. Or, imposer un candidat contre l’avis de la rédaction « constitue une grave menace pour l’indépendance des Echos », qui « n’est pas un luxe », lance la SDJ.

Or, pour Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, « la définition du corps électoral est la même pour les élections professionnelles ». « Je ne me prêterai pas à un tri entre journalistes, à quelques jours de l’élection qui était prévu à la fin du mois de juin », a-t-il affirmé au Figaro, ajoutant : « Je demande solennellement à la rédaction des Echos de se remettre au travail. »

Le dernier mouvement de grève de la rédaction de ce journal d’information économique et financière remonte à 2007, après l’annonce du rachat du journal par LVMH. En mars, la SDJ des Echos avait déjà protesté contre le départ surprise du directeur de la rédaction, Nicolas Barré, y voyant une « éviction brutale par l’actionnaire », le milliardaire Bernard Arnault, à la suite d’« articles qui auraient déplu ».

Des craintes concernant l’indépendance éditoriale ont également émergé ces derniers temps au journal Le Parisien, autre titre du groupe, la rédaction ayant retiré sa confiance à la direction en avril.

Le Monde

Source: Le Monde