L'ambassadeur de Chine en France convoqué par le Quai d'Orsay après ses propos sur l'Ukraine

April 24, 2023
438 views

Vendredi, Lu Shaye avait estimé sur LCI qu'il ne fallait pas «chicaner» sur la question de la Crimée, «offerte à l'Ukraine» par les Soviétiques, et a remis en cause le statut des pays de l'ex-URSS.

Ses propos ne resteront finalement pas sans conséquence. L'ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a reçu une convocation du Quai d'Orsay ce lundi, a indiqué le ministère des Affaires étrangères à l'AFP. Le diplomate avait provoqué un tollé ce week-end, en remettant en cause vendredi soir sur LCI la souveraineté des pays de l'ex-URSS et le statut de la Crimée.

«Un entretien entre le directeur de cabinet et l'ambassadeur de Chine sera l'occasion de mises au point très fermes», a-t-on précisé au ministère. «Cet entretien était prévu» avant les déclarations de l'ambassadeur vendredi. «On va faire passer les bons messages», a-t-il ajouté.

Propos polémiques sur les pays d'ex-URSS et la Crimée

Au micro de la chaîne d'informations en continu du groupe TF1, Lu Shaye s'est fendu de plusieurs déclarations polémiques, visiblement mal à l'aise avec le sujet. «Les pays de l'ex-Union soviétique n'ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu'il n'y a pas d'accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain», a-t-il d'abord estimé, niant la souveraineté de plusieurs nations européennes.

À lire aussiGuerre en Ukraine : pourquoi la Chine pourrait profiter de l'affaiblissement de la Russie

Quand le journaliste de LCI Darius Rochebin lui a ensuite demandé ce que la Crimée représentait à ses yeux, Lu Shaye a de nouveau tergiversé, avant de répondre : «Ça dépend comment on perçoit ce problème. La Crimée était tout d'abord à la Russie. C'est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l'Ukraine à l'époque de l'Union soviétique». Et de balayer le sujet : «Il ne faut pas chicaner sur ce genre de problème. Le plus important est de réaliser le cessez-le-feu».

Les trois Etats baltes convoquent les ambassadeurs chinois

Ces propos, et notamment ceux sur les pays d'ex-URSS, ont provoqué tout le week-end une levée de boucliers dans les États concernés. Ce lundi, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont annoncé la convocation des ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives. «Les trois États baltes vont convoquer dans la journée» les émissaires chinois «pour demander une clarification, savoir si la position de la Chine a changé concernant l'indépendance, et leur rappeler que nous ne sommes pas des pays post-soviétiques mais des pays ayant été illégalement occupés par l'Union soviétique», a déclaré le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, en marge d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères.

À lire aussiGuerre en Ukraine : comment les frontières de l'ex-URSS sont (re)devenues problématiques

Le même jour, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a assuré que «la Chine respecte la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs de la Charte des Nations unies». «Après l'effondrement de l'Union soviétique, la Chine a été l'un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés», a-t-elle précisé. Et d'ajouter : «Depuis l'établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l'égalité pour développer des relations bilatérales d'amitié et de coopération».

Source: Le Figaro